L'un des plus gros diamants bleus du monde, baptisé Hope, est exposé à Washington serti dans une nouvelle monture moderne, une parure temporaire d'un million de dollars créée par un artisan français à l'occasion des 50 ans de sa donation à un musée américain.

Ancien joyau de la Couronne de France et trésor de la Smithsonian Institution, la pierre de 45,52 carats a été montée pour un an sur un collier fait de platine et de brillants.

«Nous voulons célébrer le cinquantième anniversaire du don de cette pierre» à l'institution des musées publics de la capitale américaine comme «un cadeau au monde», a déclaré Cristian Samper, directeur du Musée d'Histoire naturelle de Washington, en présentant récemment le diamant, de la taille d'un oeuf de pigeon, dans sa nouvelle monture.

Le musée a reçu la gemme des mains du bijoutier des stars américain Harry Winston (1896-1978). C'est désormais l'objet d'art le plus visité dans le monde, juste après la Joconde au Louvre à Paris. «Il n'a pas de prix. Il est inestimable», affirme la direction du musée, qui refuse de donner la valeur de la pierre, assurée, dit-on, pour 250 millions de dollars.

«Que peut-on faire pour enjoliver une pierre de cette taille et de cette réputation ? Pas grand-chose», a ironisé le dessinateur-joaillier, Maurice Galli, 81 ans, qui a été chargé de créer le collier. Son projet a été retenu parmi trois dessins par plus de 100 000 personnes sur internet.

«Il fallait que cela reste simple mais puissant», a expliqué M. Galli, qui a dessiné des bijoux de Van Cleef et Tiffany. «Ce que j'ai voulu faire, c'est créer un contraste entre la pierre bleue qui a une vie surprenante et les baguettes de brillants, plus froides, avec le mouvement du ruban qui enveloppe la pierre: c'est élégant, simple et cela a plu».

Issue d'une mine d'Inde, la pierre, de plus de 100 carats à l'origine, a été retaillée trois fois au cours de son parcours tumultueux et légendaire.

Car le diamant Hope, du nom d'un de ses propriétaires américains, a la réputation de porter malheur à ceux et celles qu'il a parés.

Un documentaire réalisé pour l'occasion par la Smithsonian Institution, «Mystery of the Hope Diamond», se régale de la légende. «Sa réputation de malédiction le rend encore plus fascinant», confie David Royle, vice-président de la chaîne télévisée Smithsonian Channel.

Censé avoir été volé sur l'oeil d'une statue hindoue, vendu par un marchand français à Louis XIV, le «Bleu de France» comme on le nommait à l'époque, est subtilisé à la Révolution en 1792. On prétend qu'il a été porté par l'infortunée Marie Antoinette.

Il passe entre les mains de Cartier au début du XXe siècle avant d'être racheté par une mondaine de Washington qui le fera parfois porter en médaillon par son chien.

Lorsqu'il en avait fait don au musée, son dernier propriétaire, l'excentrique et passionné bijoutier Harry Winston avait envoyé la pierre par la poste dans du vulgaire papier kraft à la grande inquiétude du personnel du musée, où l'anecdote fait encore frémir les admirateurs du diamant.

Dans un an et afin de rester fidèle à l'histoire, la Smithsonian Institution redonnera à Hope sa monture d'origine, plus classique et datant des années 20.



Le nouveau collier sera lui vendu au profit du Musée, assorti d'une autre pierre précieuse, pour son coût, soit «au moins un million de dollars», a indiqué à l'AFP Frédéric de Narp, Pdg de la marque de joaillerie Harry Winston.