Paris a, cet automne encore, donné à voir des défilés forts, où de nombreuses pistes, parfois contradictoires, ont été lancées. Côté pile, l'été prochain annonce le retour de «la Parisienne» tout simplement élégante, lorsqu'elle ne se fond pas dans le courant minimaliste chic amorcé depuis deux saisons. Côté face, un courant punk couture qui semble dire «non à la bienséance» ambiante. Mais ne dit-on pas que les contraires s'attirent?

La Parisienne

Chez Chanel, 25 ans après ses débuts pour la mythique maison de la rue Cambon, Inès de la Fressange, top modèle des années 80 et parfaite incarnation du chic décontracté, donne le ton du défilé «la Parisienne est de retour». Elle se glisse dans des robes ou des tailleurs jupes en tweed rongé, principalement noir ou blanc, ou de sages robes aux teintes pastel. Vibrantes comme un hommage à Belle de jour de Luis Buñuel, les silhouettes se font élégantes chez Yves Saint Laurent - à la limite de l'austérité, telle cette combinaison pantalon coupée au cordeau ou ce tailleur pantalon blanc ceinturé haut sur la taille. Très rive gauche.

Punk Couture

Chez Balmain, Balenciaga et Jean-Paul Gaultier, on revisite les fondamentaux dans un esprit trash couture, à l'image de ce trench plissé en accordéon, la pièce fétiche de JPG. L'enfant terrible de la mode semble renouer avec ses premières amours: vestes archi épaulées, micro shorts portés sur collants résille, pantalons ultra slim et veste de cuir; l'un des must de cet été décliné en perfecto sans manche, très rockabilly chez Balenciaga et perfecto pour la maison Balmain. Son designer Christophe Decarnin s'amuse à trouer, déchirer, clouer, tacher de peinture tout ce qu'il touche, des mini débardeurs aux jeans délavés à l'acide s'arrêtant au dessus de la cheville. Il est à parier que les folles de mode se jetteront à nouveau sur ces silhouettes magnifiquement déglinguées.

Minimalisme chic

Phoebe Philo chez Céline illustre mieux que personne le courant simplicité et épure totale, renouvelant les codes du sexy, délicieusement rafraîchissant. Pantalons fluides, jupes-portefeuille aux genoux, chemise à l'échancrure djellaba se déclinent dans des tonalités de blanc, crème ou ivoire, laissant entrevoir, au moment où l'on s'y attend le moins, jusqu'au moindre grain de beauté. Qui dit minimalisme ne dit pas «anti-glamour». Alber Elbaz pour Lanvin nous en fait la démonstration avec ces robes seconde peau et ces jupes longues plissées à la Issey Miyake, ces drapés beiges enveloppant d'un rien les silhouettes: simples et toujours chic.