La Semaine de la mode de Montréal (SMM) s'installe au Marché Bonsecours lundi pour quatre jours de défilés, de conférences, de show-rooms et de «coquetels». Quelques noms connus (Marie Saint Pierre, Ève Gravel, Muse par Christian Chenail, Helmer, Envers par Yves Jean Lacasse et Barilà) partageront la passerelle avec des nouveaux venus. C'est l'occasion d'avoir un aperçu de ce que vous porterez au printemps prochain, surtout si vous êtes du genre à encourager les créateurs locaux. Et pour l'occasion, nous vous présentons le portrait d'une jolie marque arrivée à maturité, celle de Valérie Dumaine.

Les vêtements de Valérie Dumaine sont surtout portés par une clientèle jeune, mais la griffe, elle, fête sa 15e saison (en années «mode québécoise», c'est un bel exploit!). Pour marquer le coup, la créatrice a décidé de faire défiler sa collection printemps-été 2011 à la Semaine de la mode de Montréal, ce qui ne s'était produit qu'une fois dans le passé, en 2006.

La designer de 33 ans affirme avoir connu une croissance lente et plutôt stable, depuis ses débuts, il y a près de huit ans. «Je ne suis pas très marketing. Ma publicité se fait davantage de bouche à oreille. Mais cette année, j'ai eu envie de dire aux gens que j'existais encore.»

En plus d'«exister» dans plusieurs boutiques du Québec, dont Unicorn et Three Monkeys à Montréal, la griffe Valérie Dumaine est présente dans une trentaine de points de vente du ROC (Rest of Canada). Elle commençait même à faire une petite percée aux États-Unis lorsque la récession a frappé et que son agente américaine est partie en congé de maternité.

Ses besoins étant modestes, la designer arrive néanmoins à vivre de son entreprise, ce dont elle rêvait depuis qu'elle a 8 ans. Patiente, elle a étudié au collège LaSalle, puis s'est donné six ans pour connaître l'industrie avant de se lancer en affaires.

«Je savais qu'il fallait que je prenne de l'expérience, mais j'ai vraiment détesté travailler sur Chabanel, je préférais empiler des pneus chez Chrysler (ndlr: ce qu'elle faisait l'été).»



Photo: Blais-Bilinski, fournie par Valérie Dumaine

Toujours est-il que ces années à coudre des manches, à poser des boutons, à dessiner des patrons, à trimer dur dans des ateliers glauques ont complété sa formation. «L'école nous prépare à faire de la couture, pas à travailler dans l'industrie.»

C'est grâce au SAJE Montréal (Service d'aide aux jeunes entreprises) qu'elle a pu mettre sur pied sa première collection. Contrairement à plusieurs de ses collègues, Valérie Dumaine estime que Québec et Montréal offrent plusieurs programmes intéressants aux jeunes créateurs, pour les soutenir.

«Il y a le SAJE, la bourse de la Fondation du maire de Montréal, le ministère du Développement économique, les crédits d'impôt et le nouveau Bureau de la mode de la Ville de Montréal, qui s'est lancé dans la promotion des designers de Montréal», énumère la designer.

Ce qui manque, à son avis, est un accès à des matières intéressantes. «Le plus grand obstacle, pour les petits designers québécois qui ne produisent pas d'énormes quantités, ce sont les tissus. Il n'y a vraiment pas beaucoup de choix. Pour mes dernières collections, j'ai importé des matières d'Italie, d'Espagne et du Bangladesh. Ça m'a coûté les yeux de la tête. Si nous avions davantage de fournisseurs et d'agents de tissus au Québec, ça aiderait beaucoup.»

Qu'à cela ne tienne, Valérie Dumaine réussit à produire des collections de plus en plus intéressantes, de saison en saison. Celle qui nous sera dévoilée la semaine prochaine, avec ses jolies robes et ses rayures intemporelles, ne devrait pas déplaire.

Le défilé de Valérie Dumaine se tient le mardi 28 septembre, 20 h, au Marché Bonsecours, dans le cadre de la Semaine de la mode de Montréal. On peut se procurer des billets de dernière minute sur lavitrine.com, le jour même du défilé.

Photo: Blais-Bilinski, fournie par Valérie Dumaine

La Semaine de la mode de Montréal

>>> Où et quand

La Semaine de la mode de Montréal se déroule du 27 au 30 septembre, principalement au Marché Bonsecours.

Infos: www.semainemodemontreal.ca

>>> Changement de dates

La question des dates de la SMM est sur le tapis depuis plusieurs années. Plusieurs intervenants du milieu de la mode se plaignaient du fait que la Semaine de la mode de Montréal se déroulait en même temps que d'autres événements internationaux et ce qui nous privait ainsi des meilleurs mannequins, des médias et d'acheteurs potentiels, pris ailleurs. «Jongler avec le calendrier international, c'est un vrai casse-tête, explique Chantal Durivage, coprésidente de Sensation Mode, qui organise la SMM. Soit on choisit le bout du calendrier, en octobre, alors que tout le monde est fatigué, soit on le devance. Notre marché premier est celui du Canada et du nord-est des États-Unis. On ne se placera donc pas en même temps que la Fashion Week à New York.» Résultat de la réflexion? La SMM a lieu deux semaines plus tôt qu'à l'habitude, cet automne. L'an prochain, elle fera un grand bond, pour se placer avant les 10 jours de défilés dans la Grosse Pomme et peut-être encourager ceux qui vont à New York à passer par Montréal.

>>> Présence torontoise

On sait que plusieurs designers québécois aiment défiler à Toronto. Cette année, quelques Torontois ont décidé de venir se faire connaître au Québec cet automne. C'est le cas de David Dixon, un designer bien établi qui défile à Montréal pour la première fois. À surveiller aussi: Paria Lambina puis, surtout, Ezra Constantine, une marque pour hommes dessinée par le tandem derrière la très intéressante griffe féminine Greta Constantine, vendue exclusivement chez Holt Renfrew.

>>> Nouveaux venus

Collection Iris Setlakwe: Iris Setlakwe n'est pas une nouvelle venue, mais il s'agit de son premier défilé à la SMM. La griffe montréalaise, sobre et classique, fête son 10e anniversaire.

Goldenfish Swimwear: Cynthia D'Amours, installée dans l'Outaouais, dessine des maillots de bain.

ChromoZone: Après avoir enseigné au Collège LaSalle et à l'École supérieure de mode de Montréal, Bernadette Rey s'est lancée dans un projet de mode éthique.

Sérum Collection: Marta Matejczuk, créatrice canadienne d'origine polonaise, en est aux balbutiements de sa marque.