Vendredi matin. Upper West Side. Le soleil inonde l'enceinte du Lincoln Center. Un vent frais vient enfin rafraîchir l'insupportable chaleur de l'été new-yorkais. Dans la file qui attend pour voir la collection printemps-été 2011 de BCBG, des minettes en microjupe et talons vertigineux se mêlent aux jeunes professionnelles en jeans moulant et hautes bottes (bouts ronds, carrés, pointus... tout est «tendance» cette saison).

On ouvre les portes du «théâtre», une des quatre salles aménagées pour l'occasion. Les 1500 sièges qui entourent le podium se remplissent à un rythme soutenu. Anna Wintour, puissante éditrice du magazine Vogue, fait son entrée sous les flashs des photographes... Le défilé peut commencer.

La Semaine de la mode de New York a délaissé l'anarchie de Bryant Park (où se faufiler à travers les tentes abritant les lancements de collections était devenu un sport extrême) pour le prestigieux Lincoln Center, véritable temple de la culture new-yorkaise. L'endroit est vaste et majestueux. Les lancements de collections s'y succèdent de façon très orchestrée. En tout, 98 designers épatent la galerie avec leurs collections. Et si on se fie aux podiums new-yorkais, les tendances seront au blanc et au minimalisme.

Chez BCBG et Max Azria, la collection regorge de robes sexy fluides, presque aériennes, courtes ou longues. Du style et de la classe. Du blanc, du noir, du vert pâle, de l'orangé... On a déjà hâte à l'étéprochain!

Même élégance épurée chez DKNY, qui nous régale avec de longues robes flottantes aux tissus vaporeux. Les couleurs sont sobres: blanc, beige, crème, or... Une collection confortable qu'on dirait conçue pour une femme urbaine, adepte de yoga.

Parmi les présentations surprenantes, celle de Diane von Furstenberg, qui apporte un nouveau souffle à sa collection en mariant les imprimés de toutes sortes. Le mélange des grands losanges et des rayures peut parfois être déstabilisant, mais les vêtements restent très chic. Les pantalons en jersey de soie et les robes chemisiers fluides sont tout en souplesse.

Tommy Hilfiger, qui célèbre le 25e anniversaire de sa marque, risque de plaire aux plus jeunes. Sa collection est remplie de minijupes plissées ou très cintrées, de shorts, de blazers courts et structurés. Beaucoup de blanc, de rouge, de bleu. Bien entendu.

Plusieurs designers en ascension cette saison sont d'origine asiatique. C'est le cas de Jason Wu, propulsé dans la stratosphère mode en janvier 2009 par Michelle Obama, qui a porté une de ses créations au bal d'inauguration de la présidence de son mari. Wu reste fidèle à son style: blouses en mousseline froissée ou transparente, jupes et robes aux imprimés floraux.

Rendez-vous mondain par excellence, la Semaine de la mode attire deux fois par année dans la Grosse Pomme quelque 250 000 personnes. Son effervescence se fait sentir partout en ville. Des grands magasins organisent des soirées magasinage avec DJ et martinis jusqu'à tard dans la nuit. Des créateurs lancent de nouveaux produits dans des lofts branchés du Meatpacking District, quartier branché. Chanel en profite pour ouvrir une boutique dans Soho, où les invités de marque ont la chance de croiser Carrie Bradshaw... Résultat: des retombées de plus de 700 millions.

Mais dans un pays qui peine à remonter la pente après la crise financière, le clinquant de la Semaine de la mode new-yorkaise suffira-t-il à faire sortir le consommateur américain de sa torpeur? Les paris sont ouverts.

Photo: Reuters

Les imprimés de la collection Diane von Furstenberg