Franck Sorbier, à la tête d'une toute petite maison de haute couture française, est un artisan qui sait tout faire lui-même, des croquis des modèles aux dernières retouches.

Sa robe de mariée sirène, clou de son défilé mercredi, il y a passé des dizaines d'heures. Il lui destinait six volants de tulle, mais n'a finalement pas eu assez de tissu. «Du coup, elle en a seulement quatre. On s'adapte», explique-t-il à l'AFP dans son petit atelier près de la République, à Paris.

Aujourd'hui, peu de couturiers savent encore faire une robe de A à Z. «Il y a Azzedine Alaïa et Adeline André», cite Franck Sorbier. La plupart les dessinent et confient leur réalisation aux ateliers.

Sa dernière collection en janvier, très noire et dramatique, avait reçu un beau succès d'estime. Depuis, «on sent qu'il y a un frémissement, nous avons notamment pas mal de rendez-vous pour des robes de mariée. Ca redémarre doucement, même si la clientèle française reste un peu frileuse», estime le couturier, qui habille notamment Marie-Laure de Villepin ou Pénélope Fillon.

Sa nouvelle collection de 16 tenues se place donc «du côté de la bonne humeur» et avance vers la lumière, avec beaucoup moins de silhouettes en noir.

Cette collection «doit redonner envie, c'est un clin d'oeil sur comment on pourrait refaire la fête» en ces temps de crise, avance Franck Sorbier, au regard rieur derrière ses lunettes, une grande mèche cachant son front.

«C'est presque une collection d'après-guerre, avec cette notion d'optimisme, de renouveau», dit-il. Avec des manteaux doux, parce qu'en hiver «on a envie d'être enveloppé, pour se protéger de ce qui est difficile».

Pour son casting, il a choisi de jeunes modèles «qu'on n'a pas encore vus». Car la couture c'est très personnel, avec cette idée du sur-mesure. Chacune représente une attitude, en osmose avec sa tenue. Comme Masza, une Polonaise «d'un sexy mortel, avec une moue un peu boudeuse, ce qui la rend encore plus sexy», explique le couturier.

La maison Sotheby's a reçu gracieusement le couturier pour ce défilé «à l'esprit salon», où les mannequins défilent lentement dans un parterre de feuilles mortes, pour faire admirer le travail artisanal. «Trop souvent dans les défilés, on regarde plus le spectacle que la robe. Tout va trop vite», dit Franck Sorbier. Alors que «la haute couture, ce doit être un moment de grâce».

Comme cette robe noire en mosaïque de dentelles, qui dégage la gorge mais recouvre délicatement les épaules, ou cette robe frangée en motifs de brins de raphia tressés et colorés, qui évoque l'Amérique pré-coloniale.