Sacs Longchamp: ceux de Kate Moss arrivent en ville

Icône de la mode, it girl, rock mom, top-modèle controversé, modeuse au style original et coté, Kate Moss, 36 ans, signe sa première collection pour Longchamp. Image du maroquinier français depuis neuf saisons, la célébrité agit, cette fois-ci, non seulement à titre d'égérie, mais de conceptrice des sacs Kate Moss for Longchamp.

Au total, 25 références ont été créées, du polochon à la besace en passant par la pochette, et toutes - au design maîtrisé et à l'esprit plutôt rock - sont offertes depuis la semaine dernière exclusivement à Montréal chez Ogilvy. Les produits en cuir très souple (vachette, veau), parfois à imprimé zébré ou gaufré façon galuchat se déclinent en noir, mais aussi en beige (nude), gris pâle, cognac, rouge et vert émeraude. Détail, la doublure satin-nylon de tous les sacs affiche un motif zébré, plus rock et graphique que le léopard, selon le mannequin anglais.

Rencontrée à Paris, la directrice artistique et petite-fille du fondateur de la maison Longchamp, Sophie Delafontaine, raconte comment est née cette association et comment s'est déroulé le travail de création.

Q Comment cette association entre Longchamp, maroquinier plutôt classique et reconnu pour ses sacs de voyage pliables, s'est-elle produite avec Kate Moss?

R J'ai commencé à travailler dans l'entreprise familiale il y a 13 ans et, depuis, la société a énormément évolué. Aujourd'hui, nous proposons du prêt-à-porter, des chaussures et beaucoup d'accessoires. De fait, nous sommes passés d'un maroquinier à une marque de mode et, mes frères et moi, avons tenté de donner une dimension plus mode à la maison. Il ne nous restait qu'à trouver une égérie pour représenter tout ce travail de modernisation de la marque. Une femme connue à l'échelle internationale qui véhiculerait vraiment une image mode. C'est alors que Kate Moss nous est apparue comme une évidence. Elle n'est pas que top-modèle, car elle a créé les courants. Elle est à l'origine du jean slim et du retour des ballerines, notamment.

Q Vous avez choisi Kate Moss comme image de marque, à l'époque où elle faisait la manchette de la presse à scandale anglo-saxonne, en raison de sa consommation de drogue. Cette union n'était-elle pas risquée?

R Effectivement, c'est tombé à un moment où elle avait de gros soucis. Mais nous avons préféré nous attarder à son côté professionnel. Kate est très fidèle, attentive, loyale et elle a toujours donné le maximum lors des prises de photos de campagnes publicitaires. Professionnellement, nous nous entendons très bien, car elle est passionnée par les sacs et très sensible à la beauté et à la qualité de fabrication des produits, ce qui est au coeur des valeurs de Longchamp.  

Q Les collaborations entre vedettes et maisons de mode peuvent mal tourner. À preuve, la collaboration « désastreuse » entre l'actrice américaine Lindsay Lohan et Emanuel Ungaro. Quel est votre point de vue sur le phénomène des personnalités qui se lancent en mode?

R Je pense qu'il y a une grande différence entre Kate Moss et les vedettes féminines qui sont super dans leur métier et qui sont peut-être passionnées par les vêtements, mais qui ne sont pas issues du milieu de la mode. Kate a une carrière de 20 ans dans la mode et possède une réelle connaissance du milieu. Pendant toutes ces années, elle a travaillé avec des créateurs et présenté une multitude de vêtements.

Q Que possède Kate Moss que les autres top-modèles et vedettes n'ont pas?

R Kate est une des rares people photographiées par les paparazzi qui n'a pas de styliste qui l'habille tous les jours. Elle a un vrai savoir-faire dans le métier de la mode. Sans compter qu'elle nourrit une véritable passion pour le vintage. Vous devriez voir son vestiaire (dressing), c'est magique ! Elle m'a confié qu'avoir la veste de la saison ne l'intéresse pas. Elle préfère plutôt porter une veste signée Yves Saint Laurent d'il y a trois ans avec une robe Balmain d'il y a 20 ans et recréer une mode avec ça. Si vous remarquez, elle ne porte pas des choses très excentriques. C'est plutôt l'association qu'elle en fait qui crée les tendances.

Q Est-ce Kate Moss qui vous a sondé pour dessiner une collection de sacs ou l'inverse?

R Par l'entremise de son agent, elle nous a demandé tout de go si elle pouvait dessiner une collection. Kate a toujours démontré beaucoup d'intérêt pour nos sacs. Elle est très tactile et aime le côté sensuel du cuir. Je crois qu'elle avait vraiment envie d'exprimer ce dont elle avait envie.

Q Votre réaction?

R Évidemment, nous étions ravis. Ce qui nous intéressait, mon frère (Jean) et moi, c'était d'avoir un réel échange avec elle et de vraiment découvrir ses goûts et ses envies. Surtout, je ne voulais pas dessiner des sacs sur lesquels nous aurions seulement apposé une signature. 

Q Comment s'est déroulé votre travail en sa compagnie, sur une période d'un an?

R On a beaucoup travaillé sur les matières et les couleurs qu'elle aime. Elle ne voulait que du cuir, car elle aime le côté un peu animal de cette matière, c'est son côté rock qui ressort. Elle désirait aussi un imprimé animalier. Elle a préféré le zébré, car moins courant et plus rock que le léopard. Elle aimait aussi le cuir au grain très naturel, au toucher un peu gras, qui évoque les cuirs rustiques anglais. Surtout, elle ne voulait que des sacs très souples, ce qui tombait bien, car nos bagages sont connus pour être souples. Adepte des petites boîtes anciennes gainées de galuchat, elle nous a demandé de reproduire le grain galuchat sur un cuir très souple. On a donc produit un effet galuchat sur du veau très souple. Nous avons adopté ses deux couleurs favorites, le rouge et le vert émeraude, et c'est elle qui a baptisé les sacs. Parmi les noms choisis, il y a Glastonbury, où se tient un festival de musique très couru qu'elle affectionne.

Q À la fois mère et globe-trotteuse, Kate Moss aurait, dit-on, fait preuve d'un grand sens pratique.

R En effet, elle a étudié chaque détail, la longueur et la largeur des anses, les pochettes, etc. D'ailleurs, il est possible de garder le sac Hobo à l'épaule tout en fouillant à l'intérieur ou d'attraper son portable niché dans une des poches extérieures zippées. Quant au polochon de voyage, ses dimensions ont été calculées pour pouvoir y loger un pantalon plié en deux.

Le prix des sacs de la collection Kate Moss for Longchamp oscille entre 695 $, pour une pochette en suède, et 2995 $, pour un grand polochon de voyage en cuir de veau, façon zèbre. Offert exclusivement chez Ogilvy, à Montréal.

www.ogilvycanada.com