Karl Lagerfeld a embarqué Chanel sur la banquise mardi, dans un somptueux décor de glace sous la verrière du Grand Palais, pendant que Jean-Charles de Castelbajac introduisait Bambi à la cour du roi Arthur, en joyeuse compagnie de pages aux armures colorées.

Froid polaire chez Chanel en ivoire et bleu glacier, mais aussi des couleurs terre et beaucoup de fourrure. «Ce n'est pas de la vraie fourrure, même si je déteste ce terme de fausse. Autrefois la fausse+ était hideuse, on a fait des progrès énormes», explique M. Lagerfeld en coulisses. «Après la ferme et la campagne» de la précédente collection, le couturier s'est inspiré de «l'hiver qu'on a eu» et non du réchauffement climatique. «J'adore la neige et la glace, l'hiver est une saison saine», ajoute-t-il.

Quelques hommes s'immiscent dans le défilé féminin, une tradition maison. «Mlle Chanel a quand même tout pris aux hommes, à ses amants successifs: le tweed, les manteaux, les pull-overs. C'est une sorte de retour à l'envoyeur», souligne M. Lagerfeld.

Alors que souffle un vent glacial dans les haut-parleurs, un mur se lève pour révéler de grands blocs de glace parmi lesquels errent des explorateurs, deux hommes et deux femmes, emmitouflés de fourrure comme des yétis de la tête aux pieds.

Les mannequins aux coiffures gonflées de laque avancent d'un pas assuré parmi les flaques d'eau, présentant des tailleurs tweed bordés de fourrure, sur des après-ski à poils longs, et des manteaux en laine chinée ou à grands carreaux de gris différents. Une robe délicate se compose de dentelle blanche brodée de fleurs en corsage et de fourrure blanche au niveau de la jupe.

Cocktail vitaminé chez Castelbajac, dont les défilés sont courus pour leur fantaisie et leur folle jeunesse. Couleurs primaires et imprimés de Bambi, parfois en gros plan sur son oeil aux grands cils, se mêlent à un univers médiéval de conte de fées.

Philippe Manoeuvre et Dita von Teese au premier rang ont souri au spectacle de serre-têtes en bois de cerf, sur des mini-robes qui se prolongent par des cuissardes en daim. Des boléros doudounes, argent ou rouge, s'associent à un «faontalon» en velours noir, dixit le programme.

Les vestes sont renforcées aux coudes ou aux épaules, façon armure en métal. Comme celle d'un ensemble motard, rouge au centre avec des manches vertes, des épaules bleus et des coudes jaunes. D'autres en «camouflage médiéval», sorte de tapisserie aux tons fondus, présentent des manches bouffantes à la Cendrillon.

Des hommes défilent aussi, dont un, en costume velours noir, amuse la salle, tiré à hue et à dia par un gros chien récalcitrant au bout d'une laisse.

Valentino a offert un vestiaire féminin tout en délicatesse, plutôt orienté sur la soirée, notamment des dentelles travaillées comme ces chemisiers couleur chair incrustés de noir ou de blanc. Des robes à volants de différentes longueurs se déclinent en chair et rouge vif ou en pastels très clairs.

Première sur la passerelle, une robe ivoire, avec trois larges volants sur la jupe, résume l'élégante simplicité de la collection des stylistes de la marque italienne Maria Grazia Chiuri et Pier Paolo Piccioli. Plusieurs modèles en cuir noir ou ivoire, avec des volants encore, portent des ballerines.

Chez Chloé, du beige, du beige et encore du beige, sur des coupes classiques à destination des beaux quartiers. Quelques tons plus chauds, comme ce pantalon en cuir caramel foncé, et des vestes en renard argent à grande capuche.