Jean Paul Gaultier a célébré samedi soir une France métissée, enrichie de tous ses apports étrangers, avec une collection vive et colorée d'éléments empruntés aux Berbères, aux Chinois ou aux Mexicains.

Le rideau s'ouvre sur un échafaudage habité par plusieurs musiciens. Résonnent quelques mesures de «La Marseillaise», l'hymne national français, suivies de sa version reggae de Serge Gainsbourg. Le premier mannequin s'avance en robe rouge fluide sauf pour le corset intégré, l'une des signatures du créateur, et un bonnet à pompon.

Veste en cuir courte sur tunique berbère à capuche pointue et pantalon bouffant en soie bleu à motifs chinois. Le couturier s'amuse à superposer des origines différentes sur le même mannequin, le propos n'étant pas de présenter des modèles ethniques.

«Tout est mélange. Les traditions, les racines sont mélangées entre elles», explique-t-il en coulisses.

Un débat sur l'identité nationale, initié par le gouvernement, a suscité la controverse ces derniers mois en France.

«Je n'ai pas l'intention ou la prétention de faire de la politique», assure toutefois M. Gaultier. «Je suis influencé par la vie, les voyages, les racines qui sont les miennes ou pas», dit-il, affirmant que nous vivons «dans une époque où tout le monde a des ancêtres venus d'ailleurs et se nourrit d'influences diverses par les livres, le cinéma, la nourriture».

«J'ai fait un trench à double fermeture, celle du trench classique et en dessous, ça fait comme une robe en soie chinoise qui peut se fermer aussi», illustre le couturier.

Il a utilisé beaucoup de tissu de jogging, mélangé parfois à du velours noir. «C'est le contraste entre cette matière perçue comme pauvre et le velours d'une profondeur inégalable que je trouve sublime».

Dans la salle, de nombreuses personnalités dont la cinéaste Tonie Marshall ou la chanteuse Arielle Dombasle. Jane Birkin a apprécié «les chapeaux turbans, les pantalons très hauts» et se félicite d'avoir «l'audace de porter» prochainement certains de ces vêtements.

Sur le podium, des bohémiennes avec superpositions de jupes plissées et bottes colorées cotoient des citadines en tailleur pantalon à rayures façon City, recouvertes de manteaux courts devant et longs et amples derrière.

Quelques cols en fourrure aussi, alors que devant le siège de la maison Gaultier une manifestation devenue rituelle, rassemblant une trentaine de personnes, avait accueilli de huées tous les invités se présentant avec des «peaux d'animaux» sur le dos.