Un des acteurs importants de la mode éthique au Québec, la griffe OÖM Ethikwear, célèbre son cinquième anniversaire. Cinq ans à militer pour une mode plus responsable, tant d'un point de vue environnemental que social. Cinq ans à se battre pour avoir accès aux matières les plus écologiques et équitables sur le marché. Cinq ans à tenter de convaincre sa clientèle d'oser davantage côté qualité et côté design. Bref, cinq ans de défis constants. Malgré quelques désillusions, la petite équipe continue sur son erre d'aller.

OÖM Ethikwear naît de la rencontre entre Pascale Clauzier et Pascal Benaksas-Couture. Insatisfaits de leur vie professionnelle, elle dans le milieu de la mode, lui dans le domaine de la finance et des marchés boursiers, ils décident de changer de cap afin de faire converger travail et valeurs personnelles.

 

Ces valeurs, ils les inscrivent sous forme de messages positifs sur les premiers t-shirts OÖM. Dès le départ, la société s'engage à redistribuer 2% de ses ventes à des causes sociales. Puis les entrepreneurs s'associent à des organismes à vocation sociale pour assurer une production locale.

«Nous faisons par exemple affaire avec des personnes handicapées à La Malbaie. Dès qu'il y a une tempête de neige, l'atelier ferme. Comme ils se déplacent en fauteuil roulant, les travailleurs ne peuvent pas se rendre au boulot! Cela occasionne parfois des retards de production, mais nous avons fait le choix de ne pas travailler de manière conventionnelle», explique Pascal, rencontré mardi dans les nouveaux locaux de l'entreprise, rue Parthenais.

Entre 2006 et 2008, OÖM intègre le coton biologique, puis le coton biologique ET équitable dans sa production. Les propriétaires font même la promesse de n'offrir que du coton biologique et équitable à compter de 2010, mais doivent revenir sur leur parole. L'importation du fil de coton bio et équitable, qui se fait en collaboration avec la coopérative FibrÉthik, est compliquée et coûteuse, étant donnée la faible demande. De plus, la qualité de la matière peut varier d'une livraison à l'autre.

C'est en 2009 qu'est lancée Bébé OÖM, gamme de vêtements pour les petits choux de 0 à 24 mois faite à partir des retailles de coton des collections précédentes. On y trouve des cache-couches, des t-shirts petit format, des pyjamas, des leggings et même des petites robes très «fillettes».

Tout le monde participe à la création, mais c'est Ariane Michaud qui chapeaute le tout. Arrivée en 2007, la jeune diplômée du collège Marie-Victorin offre ses services gratuitement à titre de stagiaire. Trois ans plus tard, elle y est toujours. Comme en témoigne la collection automne-hiver 2010-2011 dont nous avons eu un avant-goût mardi matin, OÖM ose de plus en plus côté design. «Nous avons envie que le design avance, mais sans que ça nuise à ceux qui veulent du OÖM de base ou plus sport», explique la designer.

En effet, depuis cet hiver, la griffe se trouve autant dans les boutiques plus mode, comme La gaillarde, Rien à cacher et Belle et rebelle, que dans les boutiques de plein air comme La Cordée ou Le Yéti.

La collection d'automne a aussi été l'occasion de tester de nouvelles matières écologiques, comme le coton recyclé et le polar fait à partir de bouteilles recyclées.

Suivant le principe de responsabilité élargie des entreprises (et des consommateurs!), OÖM a lancé cette semaine un programme de recyclage de vêtements. Les consommateurs pourront retourner leurs vêtements OÖM à l'entreprise en échange d'un bon d'achat de 5$ par morceau. Les articles en bon état seront offerts à des organismes de charité, tandis que les morceaux plus usés seront recyclés en chiffons industriels par le centre de réinsertion sociale C.R.R.R.L.

Pascale envisage l'avenir d'OÖM et de la mode éthique en général de manière positive. «Ce qui est intéressant, chez les écodesigners, c'est qu'il y a beaucoup moins de concurrence que dans le milieu de la mode traditionnelle. Il y a de l'entraide, du partage de contacts. C'est plutôt convivial.»

Cinq ans plus tard, Pascal et Pascale se sentent bien loin de leur ancienne vie.

Infos: www.oom.ca