Pour sa deuxième édition, la Semaine de la mode d'Istanbul (IFW) entend prouver que la métropole turque peut devenir une des capitales mondiales du prêt-à-porter. Elle confirme en tous cas l'intérêt des professionnels européens pour les créateurs turcs.

Face au rouleau compresseur chinois, l'industrie textile turque, quatrième productrice mondiale de vêtements, a misé depuis plusieurs années sur le développement de la qualité de ses produits et sur sa proximité avec les marchés européens pour maintenir son rang.Avec un certain succès, puisque le volume de ses exportations - textile, confection et cuir confondus - a continué de progresser jusqu'en 2008 (23,9 milliards de dollars) malgré la suppression mondiale en 2005 des quotas d'importations sur les produits chinois, avant de plonger avec la crise globale en 2009 (19,9 milliards).

Elle entend à présent franchir un nouveau palier en imposant ses créateurs sur la scène internationale.

«Notre objectif est de faire d'Istanbul une des cinq villes mondiales de la mode d'ici 2023, l'année du centenaire de la république turque», a déclaré mercredi, lors de l'ouverture de l'IFW, Hikmet Tanriverdi, président de l'Union des exportateurs de prêt-à-porter et de confection d'Istanbul.

«Actuellement, la production des marques de luxe européennes se fait en Turquie. Parfois ce sont des collections entières qui sont préparées ici (...) Nos efforts aujourd'hui ont pour but de faire reconnaître nos marques en Europe et de montrer que la Turquie crée de la mode», a affirmé M. Tanriverdi à l'AFP.

Pour atteindre ses objectifs, la Turquie a su mettre en place les infrastructures nécessaires, assure la créatrice turque Mehtap Elaidi.

«Nous avons une vingtaine d'universités qui disposent de facultés de design, c'est un nombre très conséquent, et il y a un grand intérêt pour la mode et la création», affirme-t-elle.

Pour les professionnels internationaux rencontrés lors de cette deuxième édition de l'IFW --environ 200 d'entre eux étaient attendus jusqu'à samedi sur le Bosphore, en provenance de 18 pays--, l'ambition d'égaler Paris, Milan ou New York paraît un peu démesurée.

«Si l'ambition est de conquérir le marché européen, il y a encore du chemin à faire», commente Anna Louisa Pessoa, propriétaire d'un show-room parisien.

Tous s'accordent cependant à reconnaître la vitalité de la création turque.

«Lors de la première édition, j'avais été très étonnée par la qualité des défilés, des créateurs, du travail artistique de fabrication par rapport à d'autres fashion weeks internationales», déclare Sophie Guyot, directrice du salon parisien Who's Next. «Et là, j'ai l'impression que ça suit son cours.»

Donald Potard, agent artistique pour créateurs de mode, est venu à Istanbul pour observer les «frémissements» de la scène turque.

Son constat est résolument positif: «La créativité existe partout, il faut juste qu'elle soit alliée à une excellente technique. Or, la technique, les Turcs l'ont, car on sait qu'ils sont des maîtres tailleurs depuis longtemps», affirme-t-il.

«Ici, on est sur un mélange d'orient et d'occident, un peu une couture fusion, ça peut donner des choses nouvelles et intéressantes», poursuit-il.