Les présentations pour la haute couture du printemps/été prochain ont été marquées mardi par la maestria de Maurizio Galante et le travail autour du l'art du mouvement chez Stéphane Rolland.

Ne faisant rien comme les autres, Maurizio Galante a convié la soprano June Anderson pour présenter sur six grands airs classiques et en autant de silhouettes, le savoir-faire tout italien du rare designer, capable de faire cohabiter nouvelles techniques et matériaux et haute couture.

Accompagnée par Jeff Cohen au piano, la diva, en robe évasée en double crêpe de soie servant de base aux six modèles, a tour à tour chanté en étole à manches longues en faille de soie, puis en caftan «nuage» en fil de plumes d'autruche noués à la main.

Sur «Après un rêve» de Fauré, elle a brillé en diamants Chopard, dans une «robe enveloppe» en taffetas de soie brodée d'applications en tissus et, sur l'air dit des bijoux, («Ah, je ris de me voir si belle...»), a enchanté l'audience triée sur le volet, les épaules ceintes d'un «boléro bouquet», composé de carrés d'alcantara et semé de lys et de fleurs de la passion en tissu et en perles.

Une impressionnante «robe vague» de 15 robes superposées en organza de soie dans un camaïeu de blancs et une autre robe de soie brodée et rhodoïd complétée d'une étole en double organza et satin ont clôturé cette mini-garde-robe tout en lyrisme et réservée aux grands soirs.

L'on retrouve à moindre mesure ce travail de design chez Stéphane Rolland. Le styliste a souhaité présenter un travail autour de l'architecture du vêtement et de «l'art du mouvement».

Si la silhouette reste «couture» et se décline largement en modèles pour cocktail et soirées, l'insertion de motifs mobiles de laque, noirs, blancs, rouge sang ou écru donnent aux robes l'apparence de sculptures vivantes à l'image du travail en volume de l'architecte Daniel Widrig.

Fidèles aux plissés virevoltant sur des robes de vestales de mousseline de soie, Stéphane Rolland les propose aussi plaqués, en larges entrelacs sur des robes sirène ou le long de fourreaux aux couleurs brûlées qu'il rehausse ça et là d'immenses fleurs d'organza.

La journée a aussi été marquée par la renaissance de la prestigieuse maison Worth, dont il est admis que le fondateur, le Français d'origine anglaise Charles Frederick Worth, fut le père spirituel de la haute couture. Fondée en 1857, Worth habilla entre autres personnalités l'impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III.

Réalisés en taille 65 cm (de l'entre-jambe à l'épaule) mais bien sûr adaptable à chaque cliente, les huit premiers modèles sont des «hommages au buste et aux hanches, donc à la féminité», a expliqué à l'Associated Press le styliste Giovanni Bedin.

Complexes tissages et montages froufroutant d'amas de guipure, tulle, broderies, dentelles ou plumes Lemarié, ces nouvelles silhouettes, agrémentées de tutus, sont assez proches de l'oeuvre d'art, tels des nuages qu'on poserait sur le corps et devraient relancer l'auguste maison, aujourd'hui propriété de l'homme d'affaires britannique Dilesh Metah, mais toujours mondialement reconnue, à l'aune de son parfum icône transgénérationnel «Je Reviens».