Les cavalières de John Galliano, en robes ultra-ceintrées à longue traîne pour monter à cheval en amazone, ont marqué la première journée des défilés couture, devant un parterre d'invités triés sur le volet dans les immenses salons du siège historique de Dior à Paris.

La chanteuse australienne Kylie Minogue, la comédienne hong-kongaise Maggie Cheung ou le couturier Pierre Cardin notamment étaient aux premières loges du défilé, passant des amazones à des robes de bal aux volumes opulents et aux riches broderies. «Les silhouettes sont incroyables et les couleurs variées font penser à la palette d'un peintre, peut-être (Pierre) Bonnard», a commenté auprès de l'AFP la radieuse Mlle Cheung. «C'est à l'opposé de moi-même», a estimé M. Cardin dans les coulisses, mais le couturier britannique «est très conscient de ce qu'il veut exprimer».

«C'est encore une collection dans l'ultra-féminité», a commenté le PDG de Dior, Sydney Toledano, rappelant l'importance de la couture dans la stratégie marketing. «C'est l'arme fatale pour se battre sur les marchés».

La couture, pour les grandes marques, est d'abord une question d'image, rejaillissant sur les ventes notamment de parfums et d'accessoires.

Sur le dernier tube de Sade, où la chanteuse évoque le «wild, wild west», les premiers mannequins apparaissent avec de petits chapeaux noirs en biais, d'énormes chignons recouverts de voilettes, des yeux de biche et un maquillage très acidulé années 1960. Cravaches en main.

Marquant des poses de dominatrices, parfois seulement de coquettes pour les plus timides, elles présentent des vestes taille de guêpe à volants et de longues jupes qui font effectivement penser à des cocottes de saloon, version chic.

Certaines jupes sont plissées d'un côté et drapées sur l'autre hanche. Beaucoup de robes font contraster deux matières et couleurs différentes, comme celle en laine bleu pétrole et soie olive.

Lundi plusieurs petites maisons, membres de la haute couture ou «invités» ont aussi présenté leurs collections, ainsi que d'autres stylistes dans un calendrier bis ou «off».

Chez le jeune Alexis Mabille, 31 ans, l'effeuilleuse Dita von Teese et l'actrice Hélène de Fougerolles ont vu une collection ludique et colorée, inspirée du peintre d'avant-garde russe Kazimir Malevitch.

«Est-ce que Paris est mort? C'est-à-dire la haute couture, vous comprenez...», crache le haut-parleur d'une voix années 1960. Pas sûr.

Beaucoup de couleurs primaires, agencées de façon géométrique. Souvent, la silhouette se découpe en deux couleurs de haut en bas, des cheveux laqués aux chaussures: à gauche du rose, à droite du noir. Mais aussi des robes à dos nus profonds, voilés seulement d'une pièce d'organza.

Chez Christophe Josse, place au romantisme. Beaucoup de transparence, un travail sur la dentelle et des coloris clairs («brume, orage, dune»). Des robes d'une délicatesse folle, dont l'une des plus applaudies était en «bandages» de dentelle ivoire, réchauffée d'un manteau de paillettes nacrées rebrodées.

La trentenaire Anne-Valérie Hash a imaginé des tenues à partir d'un vêtement envoyé par une célébrité, notamment Charlotte Rampling ou Peter Doherty. «Grâce à la couture tout est possible, l'imaginaire reste libre», dit-elle. Des pièces en «paillettes transversales, organza métallique imprimé irisé», autant dire des matières «couture», inimaginables pour les non-initiés.