Chez les éco-designers québécois, l'écologie prend parfois le dessus sur le design. Mais pas chez Supayana. Il faut dire que la jeune créatrice de cette griffe éthique, Yana Gorbulsky, est assez fraîchement débarquée de Brooklyn. Son style vintage, féminin, «brooklynois» justement, peut rappeler les vêtements de Valérie Dumaine et les belles années de Preloved. Nous l'avons rencontrée dans son immense appartement de Saint-Henri.

Ai-je mentionné que son appartement est immensément immense? «Puisque j'arrivais de New York, je trouvais que le loyer était vraiment raisonnable pour un appartement de quatre chambres à coucher. Mon copain et moi travaillons tous les deux à la maison. Nous avons besoin d'espace et le loyer est déductible d'impôt. Puis, après quelques mois à Montréal, j'ai appris qu'il y avait des gens qui ne payaient que 800$ par mois dans cette ville.»

 

La jeune femme de 26 ans est arrivée à Montréal il y a deux ans, pour rejoindre son amoureux et pour améliorer sa qualité de vie. «Je trouve que New York déshumanise vraiment trop les gens. Si un New-Yorkais voyait quelqu'un en train de mourir dans la rue, il se dirait: Franchement, quel acteur! Le cynisme et le manque de confiance des gens sont incroyables. Puis la vie bouge trop vite. C'est presque impossible d'avoir une vie sociale parce que les gens sont toujours occupés. Lorsque je suis arrivée ici, j'ai aimé l'art de vivre à la montréalaise. Les gens peuvent s'arrêter dans la rue pour jaser, traîner dans les cafés.»

Cela dit, Yana a très peu de temps pour traîner dans les cafés par les temps qui courent. Cette semaine, elle était occupée à organiser le Smart Design Mart, qui a lieu demain et dimanche, à déménager son atelier et à créer une robe pour le concours Designer coup de coeur, qui se tenait hier soir à la boutique La Gaillarde. Pour voir des images de la soirée et connaître la gagnante du concours, allez sur le blogue des Granos urbaines, au cyberpresse.ca/granos.

Avec une dizaine de points de vente, dont un au Japon, sa boutique Etsy et les diverses expos-ventes auxquelles elle participe, la designer autodidacte, qui a étudié l'orthopédagogie, réussit à vivre de ses créations. Elle a même connu un petit boom en 2006, sur eBay. On parlait d'elle dans le magazine Bust, dans le New York Times et sur Daily Candy.

«Je mettais mes créations à vendre sur le site et au bout de cinq jours, les enchères étaient montées à 200$, 300$. C'était la manne. Puis d'autres designers ont commencé à faire des vêtements semblables et l'engouement a un peu diminué.»

Les Montréalais ont à leur tour craqué pour ses petites robes girly et ses tissus à carreaux recyclés, en vente entre autres aux boutiques La Gaillarde et Headquarters. Peu portée sur la consommation, «à part l'épicerie et les savons qui sentent bon», dit-elle, Yana s'approvisionne à l'Armée du Salut, dans les grandes friperies et dans les entrepôts de recyclage qui vendent des vêtements et des tissus au poids.

Née en Russie, elle est arrivée aux États-Unis toute jeune. Ses parents vivent toujours à Brooklyn, dans un quartier «très russe». Elle dit avoir hérité son côté écolo de sa mère, qui recyclait et réutilisait pour des raisons plus économiques qu'écologiques. «Elle pouvait laver un contenant en aluminium au moins cinq fois avant de le mettre aux poubelles.» En plus de «manger local», de recycler, de composter, de voyager à vélo ou dans les transports en commun, de prendre des douches ultra-rapides et d'utiliser de la litière à chat biodégradable, Yana honore la tradition maternelle et réutilise au maximum ses contenants en aluminium.

Les granoleries de Yana

Une écodesigner québécoise: Ditta&Bella (ditabella.com)

Une ville: Portland, en Oregon

Une boutique: Victoire, à Ottawa (victoireboutique.com)

Un restaurant: Santropol