Après avoir inspiré The Devil Wears Prada, la rédactrice en chef du Vogue américain, Anna Wintour, fait l'objet d'un documentaire, The September Issue. Quand la réalité est plus compliquée que la fiction.

«Il est plus sûr d'être craint que d'être aimé.» Ces mots de Nicolas Machiavel, la grande prêtresse de la mode Anna Wintour semble les avoir faits siens il y a bien longtemps déjà. Confortablement installée sur son trône de rédactrice en chef du Vogue américain depuis 1988, elle règne sur sa publication en monarque absolu, si l'on en croit le documentaire The September Issue qui a pris l'affiche à New York récemment.

 

Comme dans le livre et le film The Devil Wears Prada, certains de ses employés et collaborateurs tremblent littéralement en sa présence. Et si elle n'insiste pas pour prendre l'ascenseur seule ou pour jeter violemment ses sacs et ses manteaux sur le bureau de ses assistantes, elle apparaît tout aussi froidement professionnelle et glacialement déterminée que le personnage qu'elle a inspiré.

Suivant la préparation de la livraison de septembre (la plus volumineuse de l'année chez Vogue), ce documentaire de 88 minutes fait autant rire que grincer des dents. On y évoque notamment des craintes que le designer d'Yves Saint Laurent, Stefano Pilati, ne se fasse hara-kiri avec ses ciseaux après avoir reçu un compliment venimeux - «C'est joli» - de Wintour sur sa collection.

Plus flatteur que critique, le film réalisé par R.J. Cluter montre à quel point Anna Wintour a su se rendre incontournable dans l'univers de glamour et de gros sous de la mode. Des designers qui cherchent son approbation aux grands magasins qui sont à l'affût de ses conseils, tous projettent une image d'elle plus grande que nature.

L'exception qui confirme la règle ? Grace Coddington, la directrice de création du magazine, entrée au service de Vogue le même jour que sa patronne. Créative, espiègle, possédant une vision romantique de la mode, cette Galloise sert un peu de miroir inversé à la grande prêtresse.

Fort attendu à New York, le documentaire est d'autant plus discuté que des rumeurs couraient récemment sur la possibilité qu'Anna Wintour soit destituée. Certains croient d'ailleurs que Wintour a réussi le nouveau tour de force d'associer encore plus fortement son nom à celui de Vogue en participant à ce documentaire. Mais ce sont là des rumeurs machiavéliques, évidemment.