La fashionista de la récession... Voilà comment les Américains décrivent la «recessionista», le nouveau phénomène que l'on décrypte dans les magazines de mode, les blogues et les quotidiens.

«Dans une conjoncture difficile, les «recessionistas» déploient des stratégies pour continuer à consommer des fringues en dépensant (et donc en culpabilisant) moins», lit-on dans le journal Libération.

«Elles troquent, elles partagent, elles recyclent... Loin de les déprimer, la crise les inspire», enchaîne-ton sur le site internet Elle.fr.

N'empêche, la consommatrice en contexte de crise économique ne se transforme pas pour autant en... petite fille aux allumettes habillée d'un vieux survêtement déprimant. Autrement dit, le luxe n'est pas boycotté. Au contraire.

Parmi les grands courants de l'automne-hiver 2009-2010, notons l'engouement pour le cuir, la fourrure, les broderies, les tailleurs cintrés très 1940 et les paillettes scintillantes.

Paradoxe? La consommation engagée n'entraîne pas la disparition des fourrures, des pierres précieuses et des produits de luxe, répond Barbara Atkin, vice-présidente tendances mode chez Holt Renfrew. Cette spécialiste qui assiste à tous les défilés internationaux (des designers vedettes comme ceux de la relève) précise: «Les femmes préfèrent investir dans l'achat de quelques pièces de qualité supérieure et non dans une grande quantité de vêtements bas de gamme qui se déforment après deux lavages», dit-elle.

Photo: AP

Choix futé: un tailleur «esprit 1940». Celui-ci est signé Prada

Et à quoi ressemblent ces bons investissements pour l'automne qui vient? Des tailleurs à épaules accentuées (esprit power suit des années 80) et des robes irréprochables. «C'est le bon design qui fait maintenant office de logo», note Barbara Atkin.

Les matières somptueuses et les tissus de qualité, tel le tweed, sont aussi très cotés. Sans compter les peaux de luxe (fourrure, cuir et suède), farouchement prisées par les designers influents.

Même en ces temps sombres, les couleurs vives sont convoitées par la «recessionista» avisée... Raison? À ses yeux, l'essentiel réside dans la coupe (simple et impeccable) et la qualité du tissu (qu'il soit brodé, lustré ou pailleté).

La mode dite «frugale» n'a donc rien de déprimant. À preuve? L'un des plus grands classiques de l'histoire de la mode, la petite robe noire passera au rouge éclatant l'hiver prochain!

Photo: AFP

La petite robe rouge, un indispensable pour l'hiver. Ici, un modèle de Valentino.