Yves Saint-Laurent n'est jamais venu au Brésil. Mais une partie des collections les plus célèbres du couturier français a fait pour la première fois le voyage à Rio, suscitant un immense engouement des Brésiliens.

A quelques jours du premier anniversaire de la mort, le 1er juin, d'Yves Saint Laurent, l'exposition «Voyages Extraordinaires» présente une cinquantaine de ses modèles de haute-couture évoquant le Maroc, l'Espagne, l'Inde, la Chine, la Russie et surtout l'Afrique noire, et couvrant près de quarante ans de création du styliste.Cette exposition est un des événements de l'Année de la France au Brésil, une série de manifestations visant à mieux faire connaître la création française. D'un coût de 500 000 dollars, elle est parrainée par de grandes entreprises françaises et brésiliennes.

Mardi, au premier jour de l'ouverture au public, plusieurs centaines de personnes se sont pressées pour visiter l'exposition qui se tient jusqu'au 19 juillet au Centre culturel Banco do Brasil (CCBB), dans le quartier colonial et historique de Rio.

«Sur les cinquante modèles exposés, on a vraiment privilégié l'Afrique», a déclaré à l'AFP Robin Fournier directeur de la communication de la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, qui a prêté les pièces.

Il explique que le couturier «est né en Afrique (en 1936 en Algérie, ndlr), sa couleur préférée était le noir et il a été le premier couturier à avoir mis une femme de couleur noire sur un podium».

Six ensembles présentés dans une salle aux lumières tamisées pour en rehausser les couleurs sont de la collection africaine de 1967, considérée comme emblématique du styliste qui révolutionna la garde-robe féminine et créa le célébrissime smoking pour femmes.

A l'époque, les riches acheteuses ont découvert pour la première fois des «vêtements faits à partir d'un matériel pauvre comme la paille et les perles de bois, avec les premiers bijoux en plastique. C'était quelque chose de vraiment extraordinaire!», a rappelé Robin Fournier, lors de l'inauguration de l'exposition qui a réuni quelque 1500 invités, dont beaucoup de la jet set carioca.

L'exposition présente bien sûr quelques uns des tailleurs pantalon ou des robes les plus fameuses du couturier, mais aussi des croquis originaux, des photos et des documentaires.

«C'est l'occasion unique pour le public brésilien de connaître l'imaginaire du styliste, l'une des principales icônes de la mode du XXe siècle», a estimé un responsable du ministère brésilien de la Culture Marcelo Dantas.

Mais bon nombre de Brésiliennes connaissent déjà bien Yves Saint Laurent. «Les femmes brésiliennes sont très coquettes. Yves avait beaucoup de clientes brésiliennes», a déclaré à l'AFP Betty Catroux, ex-mannequin de Chanel et première «muse» du couturier.

La créatrice de mode Glorinha Paranagua, 79 ans, est venue vêtue d'un manteau et d'un collier du styliste. «Je suis une fanatique d'YSL. Je me suis toujours habillée chez lui», dit-elle.

Le CCBB propose aussi des ateliers de mode pour enfants. La Fondation Bergé-YSL, qui dispose de 5000 modèles de haute couture, 15 000 accessoires et 75 000 croquis originaux, «a offert des croquis en noir et blanc à partir desquels les enfants pourront créer», a expliqué la consultante de mode Helen Pomposelli.

Le but est d'expliquer la mode du point de vue de l'art et de la poésie et pas seulement de la consommation, selon elle.