Manchettes et collerettes signeront l'allure Chanel l'hiver prochain, dont l'élégance évoque le dandy anglais Beau Brummell, selon la collection de prêt-à-porter féminin proposée mardi par Karl Lagerfeld.

Sous la verrière du Grand-Palais, Karl Lagerfeld a séduit ses 2200 invités avec des silhouettes en noir et blanc, comme toujours, mais aussi en vert jade et rose layette.

Pas de décor extravagant: les mannequins entraient et sortaient d'une série de pièces délimitées par des cloisons blanches portant en lettres noires le nom Chanel.

Les petites robes noires se parent de collerettes blanches, irrégulières et effrangées. Les manches s'ornent de manchettes blanches plissées, barrées de noir ou portant un camélia blanc.

«La collection s'appelle Chanel Belle Brummel» en référence à Beau Brummel, dandy anglais qui, au XVIIIe siècle, «a inventé les vêtements sombres pour homme avec comme point de mire les cravates, les écharpes, les cols, les manchettes», explique Karl Lagerfeld.

Toujours doté d'un solide sens pratique, il a rendu les manchettes amovibles.

Le vert jade se décline en touches, par exemple sur une veste, ou colore intégralement un pantalon fluide et une veste en tweed. Les filles, souvent chapeautées, portent aussi des pantalons ou une robe-pull rose pâle, les épaules recouvertes d'un court poncho.

La maille a été «presque faite dans un esprit liseuse, de déshabillé», avec un «côté cocooning», explique le couturier.

Chez Jean-Charles de Castelbajac, pas question de s'alanguir chez soi. Un trio de musiciennes se déchaîne au micro et la grande bouche pixellisée du décor crache à un rythme rapide des silhouettes bariolées.

Avec humour et inventivité, Jean-Charles de Castelbajac joue avec ses propres classiques.

Micro-blouson en accumulation de peluches sur jupette rouge vif, trench à impression léopard sous plastique, jupe-boule comme une tête de léopard, robe-bustier en cheveux sous plastique, robe noire à zip s'ouvrant sur les couleurs fondamentales, tailleur-pantalon à impression cartoon, tour du cou en peluche «Kermit la grenouille», robes à effigies (Clint Eastwood, Andy Warhol...), paillettes transformant un dos en dollar géant et scintillant: la collection résume l'univers du créateur.

«C'est une collection un peu anniversaire, j'ai montré tout ce qu'il y avait dans mon travail», dit-il. Il explique avoir voulu «revisiter» ses créations «avec l'idée de ne pas faire des vêtements comme de l'art mais de faire de vrais vêtements. «J'essaie des choses qui sont «des classiques mais décalés».

À la fin du défilé, les mannequins ont lancé en l'air des liasses de dollars à l'effigie de Barack Obama, «parce que c'est la crise» et que le président Obama est le «king of crisis» (roi de la crise).

La crise est loin chez Valentino dont le duo de stylistes, Maria Grazia Chiuri et Pier Paolo Piccioli, a proposé une collection idéale pour cocktails chics, en petites robes sans manches, au buste parfois drapé.

Elles se réchauffent de capes à l'ourlet bordé d'une épaisse fourrure, d'un manteau ou d'un boléro en fourrure en dégradé de verts. Les manches kimono d'un manteau se parent de pierreries et de fourrure. Les tailleurs adoptent des vestes qui peuvent aussi jouer les capes.

Outre le noir, la palette des couleurs comprend des verts, bleus, rouges, jaunes, or.... «Nous aimons ce qui est somptueux», résume Maria Grazia Chiuri.

Photo: AP

Tour du cou en peluche «Kermit la grenouille», vu chez Jean-Charles de Castelbajac.