Le couturier français Ted Lapidus, qui a eu son heure de gloire dans les années 1960 et 1970 avec une mode unisexe ou le look safari, est décédé lundi à l'âge de 79 ans à l'hôpital de Cannes, a-t-on appris auprès de sa famille.

«Il s'est éteint à 14h30. Il souffrait depuis plusieurs années d'une leucémie et est décédé des suites d'une insuffisance respiratoire», a déclaré à l'AFP sa soeur et couturière Rose Torrente-Mett.

Le couturier doit être inhumé vendredi au cimetière du père Lachaise à Paris.

Edmond Lapidus, dit Ted Lapidus, était né le 23 juin 1929 à Paris. Ce fils de tailleurs russe émigré «avait ouvert sa maison en 1958 et Annabelle Buffet avait été un de ses premiers mannequins», a raconté à l'AFP Mme Torrente en ajoutant qu'il avait habillé Brigitte Bardot ou Alain Delon.

«Ted a été le premier couturier de la nouvelle vague», a-t-elle ajouté. «Le monde entier le connaissait», a encore dit Mme Torrente.

Ted Lapidus, connu également pour avoir lancé le style militaire et les pattes d'épaule, a été admis au sein de la chambre syndicale de la couture parisienne en 1964.

«C'était un très grand couturier» a déclaré à l'AFP son fils Olivier, également couturier. Et de citer ses looks féminin/masculin, le blazer ou la saharienne et le style safari.

Rose Torrente regrette que Ted Lapidus n'ait pas eu la reconnaissance qu'il méritait. «C'était un grand couturier mais il n'a pas eu la chance de rencontrer son Pierre Bergé», allusion au couple que formait Yves Saint laurent et M. Bergé, le premier à la création et le second à la gestion.

La maison Ted Lapidus rencontre très vite le succès lui permettant de devenir «l'un des fers de lance d'un mouvement qui dans les années 60 et 70 destitue la haute couture et révolutionne la mode», selon le Dictionnaire international de la mode.

Ted Lapidus se définit comme le couturier de la rue. Le couturier qui est passé par le Japon, veut appliquer les principes de la production normalisée au service d'une mode de qualité. «Avec une bonne main d'oeuvre, il n'y a aucune raison que ce ne soit pas en usine aussi bien qu'à la maison», disait-il.

Dans les années 70, la maison forte de sa notoriété se lance dans une politique intensive de licences. Avec les années 1980, la griffe cherche un second souffle tandis que se succèdent les rachats de l'entreprise.

Plusieurs conflits ont opposé le père et son fils Olivier sur l'utilisation de leur patronyme. Au final, ils s'étaient réconciliés et Olivier avait succédé à son père à la tête de la haute couture.

«On ne s'est jamais brouillé réellement. Nous avions des problèmes liés à la présence de deux Lapidus sur la mode mais on s'est beaucoup aimés et ce soir c'est un fils qui pleure son père», a déclaré Olivier.