Le chef David Ollu a fait ses armes ces dernières années au réputé Bouillon Bilk. C'est d'ailleurs avec deux de ses anciens collègues devenus amis, le sommelier Youri Bussières-Fournel et la chef pâtissière Mélodie Perez-Mousseau, qu'il a décidé de voler de ses propres ailes, en quittant l'affairé Quartier des spectacles pour Hochelaga.

Le fort sympathique Hélicoptère - et son petit frère, l'Hélico, un café - s'est implanté dans ce qui a été, un temps, l'apportez-votre-vin La Tannerie et le comptoir prêt-à-manger Chez Gargantua. La décision d'investir un quartier un brin excentré, mais de plus en plus prisé, semble payante: le resto est plein soir après soir depuis son ouverture à la fin de juillet.

Côté resto, la salle à manger a été épurée et réorganisée, et un bar, installé à gauche, semble agrandir l'espace. Le mur du fond, séparant la salle principale de la partie du fond - parfaite pour les groupes -, a été peint en vert sarcelle, couleur emblématique de la nouvelle adresse dont le nom fait référence aux samares, fruits de l'érable reconnaissables à leur forme d'aile. C'est accueillant et chaleureux, parfait pour une soirée entre amis ou en amoureux, ou même en solo, assis au bar, où nous avons pris place avec notre invité.

Assiettes d'ici

Si on reconnaît l'influence du Bouillon Bilk dans l'approche méticuleuse qui a guidé le choix des ingrédients et dans les combinaisons de saveurs inspirées dans les assiettes, il reste qu'Hélicoptère est plus décontracté et organique dans ses présentations. On vient ici pour les beaux et bons plats qui éveillent les sens et qu'on dévore avec gourmandise, et pour célébrer les artisans du terroir local.

Hélicoptère a également ceci de commun avec le Bouillon Bilk qu'il s'approvisionne aussi à La Pelletée, petite ferme écologique de la Montérégie démarrée par... des anciens du Bouillon Bilk.

La grande majorité des légumes apprêtés dans l'assiette proviennent de cet inspirant projet qui mise sur l'agriculture saine et durable, et les assiettes sont donc entièrement en phase avec les produits de saison, se modulant selon les récoltes.

Ce n'est pas seulement dans l'assiette que le local se déguste; dans le verre également. L'endroit offre une belle variété de bulles, vins, spiritueux, cidres et bières d'ici, dont notre serveur nous parle avec une passion évidente. Les cocktails du moment sont élaborés en fonction des alcools offerts, alignés en évidence sur les tablettes derrière le bar.

Nous optons pour un léger et rafraîchissant Ciel Pamplemousse, composé de la vodka québécoise Azimut, de jus de pamplemousse frais, de chartreuse jaune et d'un trait de Club Kombucha au pamplemousse, fabriqué dans le quartier HoMa. Notre compagnon, lui, déguste avec satisfaction le très prisé - et très difficile à obtenir - gin Les herbes folles, par la distillerie artisanale La Société secrète, située à Percé, parfumé avec des plantes et des herbes qui poussent en Gaspésie.



Prendre son envol

La carte propose une formule à la mode, celle des petits plats à partager. Un concept idéal pour l'endroit, qui invite au partage et permet de goûter à plusieurs créations du chef. Après maintes hésitations et guidés par notre serveur - qui suggère de deux à trois plats par personne -, nous jetons notre dévolu sur six assiettes, ce qui s'avérera bien suffisant pour satisfaire notre appétit.

Pour les mises en bouche - servies par le chef lui-même, qui fait le service aux tables, ce qui ajoute une touche personnalisée à l'expérience -, nous sommes plus que ravis devant le moelleux pain challah maison, à tremper à l'envi dans un chaud et coulant fromage fermier épicé aux piments shiso. Un tandem qui fait notre bonheur.

Et que dire de la mousse de foie de volaille, onctueuse à souhait, joliment déposée sur des carrés de pain financier, auxquels les bleuets sauvages et les pistaches torréfiées ajoutent une touche sucrée et croquante. Une réussite et probablement notre plat favori de la soirée.

Ce qui n'enlève rien à la qualité des autres plats que nous dégusterons au cours de notre repas - et qui, malgré la soirée fort occupée, arrivent ponctuellement devant nous, sans que nous ayons à attendre, preuve d'une cuisine rodée au quart de tour. Nous accompagnons le tout d'un vin orange italien, le Monferrato Baccabianca, un jus présentant une jolie oxydation et qui plaira aux amateurs de vins nature.

Le plat de calmars - cuits sous vide et enrobés d'une sauce aigre-douce, d'une tendreté merveilleuse - offre une intéressante combinaison de goûts et de textures avec sa croquante salade de concombres et cornichons maison, ses herbes fraîches, sa salsa verde et ses échalotes frites.

L'assiette de courgettes trois façons - grillées, crues et marinées - propose une belle exploration autour du légume. Le plat nous surprend et nous plaît avec ses goûts exotiques, inspirés de la cuisine nord-africaine, grâce à l'ajout d'épices berbères et de yogourt à la menthe, jusqu'à l'utilisation de tagette, une plante comestible au goût anisé souvent surnommée «l'estragon mexicain». Le petit piment shishito frit qui l'accompagne est croustillant, mais un peu sec; on l'aurait préféré fourré avec une sauce crémeuse ou fromagée, par exemple.

Une cuisine intelligente

Nous continuons sur notre lancée: le plat de caille frite, qu'on nous avait chaudement recommandé, se révèle presque à la hauteur des attentes, particulièrement les accompagnements que sont le spectaculaire houmous de pois chiches germés - une des vedettes de la soirée -, les poireaux et oignons fondants et la harissa maison (qu'on aurait aimée plus relevée).

La caille, sans être ratée, semble manquer légèrement de cuisson, ce qui fait que la viande, par ailleurs fort délicieuse, ne se détache pas de l'os comme on s'y attendrait. Quant au plat d'omble de New Richmond, il offre des goûts plus intenses et rustiques, mais qui se marient somme toute très bien, avec ses betteraves, son pesto de pistaches et sa branche d'aneth.

Parce qu'il le faut, nous goûtons à un dessert. Notre choix, un sandwich à la crème glacée avec rhubarbe en deux façons (compote et confite), une ganache au dulce de caramel et bleuets sauvages, nous plaît beaucoup, car il n'est ni trop sucré ni trop lourd, donc idéal en cette fin de repas. «Un dessert intelligent», juge notre convive. À l'image de notre repas.

Photo Edouard Plante-Fréchette, La Presse

L'alcool d'ici occupe une place de choix au Hélicoptère.

Hélicoptère. 4255, rue Ontario Est, Montréal. 514 543-4255. https://helicopteremtl.com/

Notre verdict

Prix: fort raisonnables. Petites assiettes entre 4 $ et 21 $, de deux à trois par personne suffisent amplement. Comptez une dizaine de dollars par dessert.

Carte des vins: belle carte d'importations privées, du jus nature et du biologique. La carte des alcools se distingue par un parti pris très assumé pour le local.

Espace: simple, mais joli et chaleureux. Ambiance animée, niveau sonore assez élevé, clientèle décontractée.

Service: vraiment sympathique, bien renseigné et de bon conseil, avec une passion sentie pour les produits d'ici. Mention spéciale au chef qui apporte les plats aux tables!

Plus: la créativité, la mise en valeur de notre terroir.

Moins: quelques petites imprécisions vite pardonnées.

On y retourne? Certainement!

Photo Edouard Plante-Fréchette, La Presse

La caille fritte, avec poireaux et oignons fondants, harissa maison et un spectaculaire houmous de pois chiches germés.