Le Bethlehem XXX, bar déjanté de la Petite Italie, a grandi et est devenu une femme, La femme (à la) fontaine! L'ambiguïté autour du nom est tout à fait cultivée.

Les propriétaires-exploitants de cette buvette au décor rétro-érotico-surréaliste-trash (prix du design Eater, 2017), Brett Stabler et Julia Daigle, ne sont pas des restaurateurs.

Il a travaillé dans les milieux de la mode et des arts. Elle chante au sein du groupe Paupière. «Mais on s'améliore!» a lancé Brett le soir de l'ouverture «officielle», il y a quelques semaines. En effet, même s'il ne faut pas s'attendre à une expérience trois étoiles à tous les coups, La femme (à la) fontaine, qui a ouvert ses portes en octobre dernier, ressemble de plus en plus à un établissement respectable.

On se targue ici d'avoir une des cartes de vins naturels les plus audacieuses en ville, élaborée avec l'intention assumée de déstabiliser. Cela dit, la clientèle actuelle, très fortement composée de musiciens et d'artisans du cinéma, ne sourcille même pas. Le danger sera plutôt d'éviter de servir n'importe quoi à l'amateur averti.

Exemple? Des vins naturels dont l'acidité volatile est si élevée qu'ils décaperaient une manucure. Cela dit, le connaisseur d'étiquettes champ gauche aura du plaisir à se choisir une belle quille.

Dans la petite cuisine, c'est une toute jeune recrue, Maxime Gaudet, qui prépare de jolis plats. Son frico, galette de pomme de terre et fromage typique de la cuisine montagnarde du Frioul, n'est pas mal du tout.

Mais c'est son magret de canard avec garniture aux topinambours qui vole la vedette. Bref, même si le lieu est singulier et imparfait, il ne faut jamais dire: fontaine, je ne boirai pas de ton eau.

6568, boulevard Saint-Laurent, Montréal

www.facebook.com/femmealafontaine