Je ne sais pas si vous m'avez déjà posé la question, mais j'ai quand même une réponse. Le meilleur couscous de la Rive-Sud ? Il est au Tire-Bouchon, à Boucherville, un petit restaurant confortable situé dans un mini-centre commercial, en plein parc industriel.

Je ne le connaissais pas jusqu'à tout récemment même s'il existe depuis 21 ans.

Mais comme je suis tout le temps à l'affût de bons restaurants excentrés, j'ai immédiatement enregistré son nom lorsque je l'ai vu passer sur le compte Instagram d'une femme d'affaires que j'aime bien. Je l'ai essayé. Et je n'ai pas été déçue.

On ne peut pas dire que c'est la décoration qui m'a d'abord épatée. Beaucoup de brun, beaucoup de tapis. Des banquettes. Du papier peint imitant des tuiles méditerranéennes. Un bar où trône une énorme bouteille de vin français, un jéroboam, sorti pour la Saint-Valentin.

Mais l'expérience est néanmoins franchement agréable. En raison du service. En raison du rapport qualité-prix très correct. En raison de la qualité de ce qu'on y mange.

On comprend en arrivant là le midi que l'établissement est un lieu de lunchs d'affaires même s'il est aussi ouvert le soir. En milieu de journée, la salle est bien occupée, remplie de convives qui ont l'air de parler boulot devant un saumon du jour ou un couscous.

Parce que le restaurant propose à la fois de la cuisine française et des plats marocains. Le chef et propriétaire, Yassine Belouchi, est arrivé à Boucherville de Marrakech il y a 28 ans. Sa seconde, Marie-Catherine Lake, une diplômée de l'ITHQ, a fait Les chefs ! l'été dernier.

La combinaison de leurs savoir-faire donne une cuisine à la fois fraîche et créative qui réconforte en ces temps hivernaux. Au Tire-Bouchon, on ne prend pas de risques fous, mais on comble estomacs et papilles avec des plats bien faits, bien présentés.

On peut commencer le repas avec des bouchées, par exemple, qui s'appellent « briouates », petites enveloppes fines de pâte brick qu'on farcit au fromage de chèvre et au cumin, avant de les servir encore chauds avec un condiment en gelée à la tomate et de la coriandre fraîche. C'est délicat, bien craquant. Plus épicé, ou plutôt plus aillé, toujours en « snack », on sert aussi du houmous de betterave, bien rouge violacé, crémeux, à déguster avec des morceaux de pita séché. On aimerait des « snacks » végé comme ça à l'apéro, à chaque repas.

En entrée, on commande une mini-pastilla de poulet, cette pâtisserie salée typiquement marocaine, riche et savoureuse, où encore de la pâte brick est farcie cette fois avec du poulet haché, de la cannelle, des amandes. On sert le tout avec un peu de sucre en poudre, et une crème verte à la coriandre, très délicate, peut-être trop. L'ensemble demeure fin et délicatement confectionné. Et joliment présenté.

En entrée toujours, on mord aussi dans un tartare de boeuf, qui n'est pas préparé du tout à la française, mais plutôt avec du sumac, une épice méditerranéenne légèrement acidulée, des olives vertes, du citron confit, des oignons... On garnit avec de la chapelure, avant de finir au beurre noisette. J'ai adoré cette combinaison de saveurs inattendues avec la viande crue, mon invitée moins.

En plat principal, nous avons plongé dans une valeur sûre : un couscous aux légumes et aux merguez, un des meilleurs plats pour à la fois assouvir un appétit d'hiver et apporter un sentiment de chaleur et de soleil. Celui du Tire-Bouchon est classique. Semoule bien préparée, légumes - patates douces, choux de Bruxelles, pois chiches, encore légèrement résistants sous la dent, bouillon savoureux, oignons confits en garniture, sauce harissa qui semble avoir été préparée maison. On en met comme on veut pour rendre l'expérience piquante sur mesure. On ajoute des feuilles de menthe sur l'assiette pour un effet saisissant. Un plat familial, costaud, mais soigné. Servi dans une belle assiette de faïence traditionnelle multicolore marocaine.

C'est là tout le charme de ce restaurant. Un plat simple, mais dont on a pris soin.

Au dessert, on n'a pas pu résister à accompagner notre thé à la menthe de petites mignardises chouettes incluant ma préférée : une truffe chocolatée à la pistache. Mais le clou à ne pas rater, c'est la salade d'agrumes à la datte, à la menthe et à la fleur d'oranger. Encore là, un plat simple, mais tout en finesse et en fraîcheur. Une jolie conclusion à un joli repas.

Le Tire-Bouchon

141-K, boulevard de Mortagne, Boucherville

450 449-6112

letirebouchon.ca

NOTRE VERDICT

Prix du midi: snacks entre 2,25 $ et 4,75 $, entrées de 7 $ à 14 $, plats de 18 $ à 26 $. Il y a aussi un menu du jour le midi. Et quelques plats un peu plus chers le soir.

Vins: carte assez classique, mais sans banalités, soignée, avec grande variété de prix.

Ambiance: ceci n'est pas un restaurant à la mode, mais bien une table confortable, soignée, traditionnelle sans être le moindrement coincée. On imagine aisément que des gens d'affaires du secteur deviennent des habitués.

Service: vraiment très courtois et pro à la fois.

Plus: le service et la cuisine, notamment les présentations

Moins: la décoration pourrait être un tout petit peu plus moderne

On y retourne: oui

PHOTO Martin Chamberland, LA PRESSE

On comprend en arrivant là le midi que l'établissement est un lieu de lunchs d'affaires même s'il est aussi ouvert le soir. En milieu de journée, la salle est bien occupée, remplie de convives qui ont l'air de parler boulot devant un saumon du jour ou un couscous.