Le Super Qualité est un restaurant indien tenu non pas par des restaurateurs prenant leurs racines en Asie, mais plutôt par des Montréalais adorant ce grand continent. C'est un troquet très abordable, rempli de vrais plats parfois végétariens, parfois pas, mais toujours savoureux, qui veut transmettre à tous une passion pour une cuisine d'une variété et d'une richesse inouïes, sans se casser la tête pour savoir jusqu'où aller ou quelles limites ne pas dépasser sur les chemins exotiques de la cuisine indienne pour plaire à la clientèle locale.

Et en plus, c'est un lieu franchement sympathique.

En marche depuis l'automne, le Super Qualité a ainsi été lancé par Guillaume Lozeau et Jennifer Zachanawich, qui pilotaient déjà le traiteur asiatique Cook Caravane, à qui s'est joint Étienne Clément, un autre grand voyageur rencontré quelque part sur la route. Ils se sont installés à Rosemont, rue Bélanger, un peu à l'est de Christophe-Colomb, et dans un petit espace qui était autrefois un nettoyeur à sec  - et qui est apparemment difficile à bien aérer -, ils dirigent une entreprise qui roule et ravit la clientèle.

Comble de chance, je m'y suis rendue un soir de semaine avec un ancien collègue, Robert Beauchemin, qui a maintes fois visité l'Asie et qui connaît sa cuisine presque par coeur. «Tiens, ça, on mange ça sur la plage!», lance-t-il en remarquant qu'on sert des dahi batata puri, petites boules de pain frit hyper légères et creuses - puri - qu'on craque délicatement pour les farcir de pommes de terre et de pois chiches, avant de les garnir de chutney, de yogourt, de tomates et de coriandre. Une entrée copieuse qui se mange avec les doigts bien sûr, à partager, nourrissante et réjouissante.

Mais ce n'est pas le seul plat typique qu'on découvre avec joie. Il y a aussi une salade de chou qui n'a rien à voir avec le triste traitement qu'on réserve trop souvent à ce légume d'hiver. Ici, la crucifère finement coupée est mélangée avec du yogourt, du cumin, des graines de moutarde, de la coriandre fraîche et des arachides rôties. Il y en avait trop, j'en ai rapporté à la maison et même le lendemain, le plat explosait toujours de fraîcheur et de parfums exotiques, juste assez craquant sous la dent.

C'est Robert qui tenait à commander aussi des okras frits pour me faire la démonstration que non, ce n'est pas visqueux et autrement banal. Et effectivement, bien frit au point d'être croustillant, ce légume vert exotique se laisse manger comme des chips.

Ensuite Robert a choisi le thali végétarien, un classique indien bien assez copieux pour deux, qui consiste à mettre sur un plateau une montagne de riz basmati et des petits plats variés incluant ici une soupe rasam au tamarin délicieusement acidulée, un ragoût sambar aux lentilles, du papadum pour couronner le tout et du yogourt pour apaiser les épices même si la cuisine n'est pas relevée de façon délirante.

De mon côté j'ai choisi une autre spécialité du Sud - tendance générale du resto -, une dosa, cette grande crêpe croustillante qu'on garnit de pommes de terre assaisonnées notamment aux feuilles de cari, joliment parfumées avant de la rouler. Une fois servie, on matraque un peu la création pour verser les à-côtés, incluant un chutney à la noix de coco et du sambar. Un vrai délice végétarien.

Au dessert, le festin se poursuit avec une crème caramel à la pistache diaphane et juste assez sucrée, garnie de morceaux de noix et légèrement parfumée à l'eau de rose.

Bravo les voyageurs.

Photo Bernard Brault, La Presse

Le thali végétarien

Le Super Qualité. 1211, rue Bélanger, Montréal. 514 398-0184, lesuperqualite.com

Notre verdict

Prix: des plats à partager allant de 5 $ à 18 $, pour un thali non végétarien bien assez généreux pour deux personnes.

Carte de vin: on prend de la bière artisanale - adoré la bière surette à la framboise! - ou des cocktails bien créatifs.

Service: très sympathique et très efficace, ce qui permet de manger rapidement et de faire avancer la file d'attente...

Ambiance: tout petit lieu façon snack-bar où on arrête pour manger sans façon. Rempli de gens du quartier qui s'y posent ou qui viennent chercher des plats à emporter.

Plus: l'originalité et la qualité de la cuisine, les prix franchement abordables.

Moins: un problème d'aération qui laisse les vêtements et les cheveux imbibés d'odeurs de cuisine.

On y retourne? Bien sûr!

Photo Bernard Brault, La Presse

Le dahi batata puri