Le Tiradito est plus un bar qu'un restaurant. D'ailleurs, pour tout dire, si j'ai une recommandation à vous faire, c'est d'y aller pour le pisco sour, le meilleur que j'aie bu à Montréal.

Vous connaissez ce cocktail typiquement péruvien? On le prépare avec du pisco, bien évidemment, l'eau-de-vie à base de raisin typique du Pérou, mais aussi avec du jus de citron vert, de l'angostura, de la mousse de blanc d'oeuf. Et au Tiradito, c'est bien du vrai blanc d'oeuf qui entre dans la composition. «Avant, je les faisais à la minute, en cassant les oeufs», m'a lancé la jeune fille derrière le bar, brandissant énergiquement du même coup deux «cocktail shakers», un dans chaque main. «Mais là, je dois en préparer trop en même temps.»

Ici, on prend les cocktails au sérieux.

D'ailleurs, la journaliste culinaire américaine ayant sillonné la planète avec qui je me suis retrouvée au Tiradito s'est dite impressionnée par la qualité du chilcano - cocktail à base de pisco et de jus de citron aussi, mais fortifié en plus à coups de gingembre frais, de citronnelle et de jus de fruit de la passion. Elle s'est même étonnée de la présence à Montréal d'un bar péruvien nikkei, donc aussi d'influence japonaise - les Péruviens sont passés maîtres dans l'art d'intégrer les cultures, de les mélanger avec la leur, d'en faire autre chose et de donner un nom à tout ça. «Je ne pense pas qu'il y ait ça à New York», a-t-elle commenté.

Vraiment?

Le Tiradito, donc, est un bar d'inspiration nikkei, c'est-à-dire péruviano-japonais, installé rue De Bleury, un peu au sud de René-Lévesque, quelque part entre le Quartier des spectacles et la Caisse de dépôt. Hormis les problèmes de ventilation qui frappera les nez sensibles dès l'arrivée, c'est un lieu charmant, chaleureux et original où les cocktails, donc, sont délicieux.

Pour la cuisine, il y a encore quelques détails à peaufiner, mais le chef Marcel Larrea n'est pas le dernier venu: c'est un ancien du Mezcla formé à l'école Cordon Bleu à Lima et ayant déjà travaillé chez Astrid & Gastón, table du légendaire Gastón Acurio dans la capitale péruvienne. On aime.

Le meilleur de ses plats est sans conteste le ceviche, ce classique péruvien à base de poisson cru et de jus de citron qu'il adapte aux arrivages de la pêche. Il était au vivaneau le soir de notre passage et parfaitement réussi, dans une forme très classique avec sa marinade - la leche de tigre - juste assez relevée et joyeusement vitaminée par le jus d'agrume.

Les dumplings au canard sont aussi dodus et chaleureux, enveloppés dans une pâte fine qui les laisse éclater en bouche. Je ne suis pas sûre, cela dit, qu'un beurre blanc soit la meilleure sauce pour les accompagner et que le piment amarillo dont on accompagne tout cela ne devrait pas prendre plus de place.

Pour le reste, le bilan est plus mitigé.

On nous avait chaudement recommandé la «causa» de saumon fumé, de petits monticules de purée de pommes de terre - fade - surmontés de morceaux de saumon fumé - délicieux. La présentation est impeccable, mais on a fini par manger seulement le poisson et les morceaux d'avocats qui garnissaient le plat.

Qu'en est-il du tiradito - croisement entre le ceviche et le sashimi - de thon albacore? Le poisson fond dans la bouche, mais la garniture au miso, tamarin, bière et piment amarillo n'a pas le panache qu'on attend. On cherche plus d'acidité, les parfums... Les gros grains de maïs choclo sont lourdauds.

Les pommes de terre croustillantes? On les aurait préférées plus croustillantes, justement, parce que c'est précisément quand on attrape un morceau de peau craquante qu'on est le plus heureux.

Au dessert, les alfajores, des biscuits sandwichs souvent servis en Amérique latine, sont bien costauds et ni leur dulce de leche ni leur crème glacée ne parviennent à effacer le côté envahissant en bouche de la pâte sablée. On aurait dû, à la place, essayer le dessert dolce vida, qui est en fait un cocktail aux pacanes, confiture de lait et café. Avouez, sachant en plus que la maison fait très bien les drinks, que cela semble bien alléchant.

Tiradito, 1076, rue De Bleury, Montréal, 514 866-6776. tiraditomtl.com

PHOTO NINON PEDNAULT, LA PRESSE

Le pisco sour, ce cocktail typiquement péruvien, est préparé avec du pisco, de l'eau-de-vie à base de raisin typique du Pérou, mais aussi avec du jus de citron vert, de l'angostura, de la mousse de blanc d'oeuf. Et au Tiradito, c'est bien du vrai blanc d'oeuf qui entre dans la composition.

Notre verdict

Prix: toutes sortes de petites assiettes entre 6 $ et 13 $.

Carte des vins: On va surtout au Tiradito pour les cocktails d'inspiration péruvienne qui sont entre 10 $ et 13 $. La maison propose aussi quelques vins choisis soigneusement et en importation privée, mais dont les prix sont raisonnables.

Service: Sympathique barmaid qui sait répondre aux questions tout en remuant énergiquement ses cocktails!

Ambiance: C'est un bar, donc la lumière est tamisée, même s'il y a d'immenses fenêtres, et le ton est donné par une sculpture en néon rouge en forme d'oiseau d'inspiration inca. L'espace est grand avec de hauts plafonds, et essentiellement un bar qui serpente à travers tout cela.

Faune: On est entre le centre-ville, le Quartier des spectacles et le quartier de Montréal international... C'est un bar, donc réservé 18 ans et plus, donc on ne peut pas y aller avec les enfants. Plutôt, on y va pour le 5 à 7, pour les cocktails et l'originalité du concept.

Plus: Les cocktails!

Moins: Quelques plats à peaufiner.

On y retourne? Je crois que oui.

PHOTO NINON PEDNAULT, LA PRESSE

La lumière est tamisée, même s'il y a d'immenses fenêtres, et le ton est donné par une sculpture en néon rouge en forme d'oiseau d'inspiration inca. L'espace est grand avec de hauts plafonds, et essentiellement un bar qui serpente à travers tout cela.