Je suis allée au Jellyfish un lundi soir. Le niveau de bruit était absolument agréable, les serveurs particulièrement attentifs. Il y avait juste assez de clients pour créer une atmosphère sympathique et on s'y sentait dans un lieu bien en vie, mais accessible.

Le jeudi, le vendredi, c'est une autre histoire.

Ce nouveau venu du Vieux-Montréal cartonne. C'est bondé. Le restaurant s'impose comme l'endroit où sortir par les temps qui courent dans ce quartier, si on a envie de voir du beau monde et de manger une cuisine moderne bien faite, avec des vins actuels. Avec tout le brouhaha que cela impose.

Cela dit, rares sont les endroits qui réussissent à allier atmosphère de fête et qualité dans la cave et dans l'assiette. Jellyfish en est un.

Le lieu est impressionnant et décoré avec soin même s'il y a un certain mélange de genres. On se dit que le décorateur a voulu capter tout ce qui se passe actuellement, avec autant des canapés scandinaves que des lustres un peu baroques et des lampes postindustrielles. Mais l'ensemble n'est pas désagréable et la vastitude de l'espace rachète cette impression qu'on a voulu ne rien manquer des tendances du moment.

Dans l'assiette, c'est un peu la même chose. D'ailleurs, le nom du restaurant le dit: crudo et charbon. Les deux lames de fond actuelles. Et les plats sont à partager... Et vous a-t-on dit qu'il y a des choux de Bruxelles grillés aux lardons? Et des ceviches, et du pudding chômeur au bacon...

On ne réinvente pas le pain tranché, mais ces plats totalement dans l'air du temps sont, de manière générale, franchement bien faits.

Par exemple, en entrée, le thon cru est bien relevé par le piquant du wasabi, la fraîcheur amère de fines tranches de betteraves et ponctué par d'improbables morceaux de noix et de belles feuilles de basilic. Question: est-ce que l'assiette à l'ancienne, genre marché aux puces - à la mode -, sert la présentation du plat? Pas sûre du tout. Le carpaccio de pétoncles: on le sert dans une assiette bleue de faïence avec une purée de pomme verte - qui aurait gagné à être plus acidulée, moins sucrée -, du citron vert et de grosses tranches de jalapeño qu'on aurait préféré mieux intégrées au plat. Déposées ainsi, on a peu de choix: soit on mord à fond, soit on évite. On aurait aimé y gouter... un peu.

Les carottes, on les fait griller et regriller pour qu'elles soient un peu séchées et bien concentrées en saveur et c'est délicieux, car la texture devient bien résistante et pas du tout mollassonne. On aime la ricotta battue en à-côté - le miel, pas sûr que c'est nécessaire, car les carottes sont déjà bien sucrées - et les croûtons pour un peu de croquant. Des lichettes de parmesan, accessoires, complètent le tout.

En plat principal? À partager bien sûr: un pavé de morue cuit juste suffisamment, servi avec edamames en purée et entiers, noix de pin, feuilles de chou de Bruxelles... C'est léger, savoureux.

Au dessert, les gâteaux ne sont pas élégants, mais costauds et roboratifs: un gâteau à la banane, au Grand Marnier, à la noix de coco, avec supplément de chocolat et un pudding chômeur au whisky et au bacon qu'on sert brûlant, sortant du four dans sa cassolette.... Rassurant, un peu fouillis, bien sucré. Là comme un peu partout, on a mis ensemble des ingrédients que tout le monde aime. Pas étonnant que, quelque part, ça marche.

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Jellyfish, 626, rue Marguerite-d'Youville. 514 303-0908.

Prix: entrées entre 13 $ et 22 $, plats entre 26 $ et 49 $, à côté entre 7 $ et 12 $.

Carte de vins: recherchée et variée avec des vins au verre pas banals, comme un chardonnay canadien Blue Mountain. Le lieu offre aussi des cocktails exotiques, évidemment, dont un drink au chia...

Service: très gentil, attentionné, professionnel. Mais c'était un lundi soir, quand il y avait de l'air pour respirer. Plus tard dans la semaine, le restaurant est rapidement rempli à craquer.

Concept: le lieu ouvert par Francis Rodrigue, un ancien du Ham Bar et du Vauvert, et Robbie Pesut (qui a travaillé au Globe et au Buonanotte), où les cuisines sont pilotées par le jeune chef Mathieu Masson-Duceppe (qui a gagné notamment à Chopped Canada), est une combinaison de pas mal de trucs à la mode en ce moment, autant en cuisine que dans la salle.

Atmosphère: c'est un lieu où sortir.

Plus: les magnifiques plafonds vertigineux.

Moins: la foule folle de certains soirs.

On y retourne? Oui.

PHOTO FOURNIE PAR LE JELLYFISH

Campé dans un décor chic, dominé par les lustres et un bar central, le Jellyfish crudo+charbon est situé dans le Vieux-Montréal.