Le petit espace du nouveau Larrys, avenue Fairmount tout près de Saint-Laurent, a vu passer toutes sortes de projets ces dernières années. On y a mangé des beignes, de la cuisine néo-nordique, du japonais réinventé, du très bon café et de mauvais cupcakes.

La nouvelle équipe qui y a posé ses pénates pourrait toutefois fort bien rester là pour un bon moment. Ce sont les gens qui ont fait le succès de Lawrence, à côté. Et leur approche, déjà très prisée de la clientèle locale, y est fort intéressante.

Chez Larrys, on mange simplement de petits plats jamais banals et on peut s'y arrêter durant toute la journée, comme dans les troquets français. Du petit-déjeuner au souper post-théâtre en passant par le lunch, on sert à manger toutes les heures. Pour s'assurer que le café soit délicieux, on a fait appel à l'expertise de gens ayant longuement travaillé au fameux café Myriade. Côté vins, on s'éclate avec des crus nature improbables mais minutieusement choisis. Côté décor, la copropriétaire et designer Annika Krausz a égayé l'espace limité avec de jolies tuiles bleues et une déco plus claire - notamment un mur de briques blanchies -, l'estrade a été éliminée et deux bars ont été aménagés afin de maximiser le nombre de places assises.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

On y mange simplement de petits plats jamais banals et on peut s'y arrêter durant toute la journée, comme dans les troquets français.

Bref, Larrys est le resto qu'on aimerait tous avoir dans son quartier pour pouvoir y passer en tout temps, y rencontrer des amis, prendre un verre ou un café ou une bouchée, sachant que ce sera bon sans façon, et surtout finir par sentir qu'on y est un peu chez soi.

Le soir où nous y sommes passés, c'était bondé et on nous a indiqué qu'il faudrait probablement attendre une demi-heure, ce que nous sommes allés faire à la porte d'à côté, chez Lawrence. Paradoxalement, c'est la table qui se voudrait plus formelle et qui était presque vide. Assis dans le canapé vieillot à l'entrée devant une assiette de charcuteries préparées à la troisième adresse du groupe, la Boucherie Lawrence, nous y étions fort bien. Le niveau de décibels était tout doux, la musique agréable. On y serait restés, n'eût été la nécessité d'essayer Larrys qui était, par comparaison, survolté.

Cela dit, on n'a pas non plus regretté le transfert. On a aussi passé un bon moment chez Larrys.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Les cigares au chou? Même si on les apprête avec la sauce tomate classique, on les farcit avec de l'agneau haché parfaitement bien relevé plutôt que les traditionnels boeuf et porc.

Prenez le spaghetti, qu'on sert dans un petit bol : il n'a rien du spagat' de nos chaumières. On le prépare avec une sauce puttanesca - tomates, anchois, câpres -, il est très relevé, à peine tomaté, cuit al dente et fini à la chapelure. Du concentré d'Italie. Les cigares au chou ? Même si on les apprête avec la sauce tomate classique, on les farcit avec de l'agneau haché parfaitement bien relevé plutôt que les traditionnels boeuf et porc.

On conseille de prendre deux ou trois plats par personne et c'est amplement suffisant, parce que même si les portions peuvent sembler petites, elles sont riches et roboratives. Il faut essayer le pouding à la queue de boeuf, un classique british qui combine viande braisée et pâte amplement beurrée. Le ceviche ? On dirait un tartare de poisson plus que la classique marinade péruvienne de poisson classique dans le leche de tigre. Peu importe, c'est frais, relevé et bien citronné.

On mange tout cela avec du pain maison moelleux, à la croûte épaisse et croquante qui vaut pratiquement le détour. Ajoutez au tout des desserts franchement réussis, dont un doux au riz au lait qui se donne des airs de crème brûlée et un gâteau très léger au chocolat couvert généreusement de glaçage au caramel. Rien de très subtil, mais que du bon, bien fait, à l'image de tout le repas.

Larrys

9, avenue Fairmount, Montréal

Prix : plats entre 6 $ et 14 $

Carte de vins : Carte de vins naturels minutieusement choisis à prix variés, sans extravagances

Décor : La copropriétaire Annika Krausz a aménagé les lieux avec beaucoup d'éléments récupérés, notamment les coquilles des chaises hautes le long du bar - installées sur de nouvelles bases -, des lampes suspendues rétro, des tables faites de mobilier trouvé dans des écoles. L'ambiance est plus lumineuse qu'avant avec, entre autres, un mur de briques toutes blanches. Le style est très typique du Mile End, comme le Lawrence, aussi aménagé par Mme Krausz.

Ambiance : Très relaxe, très convivial. Calme le matin. Bon niveau de décibels le soir.

Plus : De bons petits plats savoureux abordables.

Moins : Le petit-déjeuner pourrait être un tout petit peu plus varié (du jus de pomme, des granolas aux pommes, une brioche aux pommes...).

On y retourne ? Oui, bien sûr.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

La copropriétaire et designer Annika Krausz a égayé l'espace limité du nouveau Larrys avec de jolies tuiles bleues et une déco plus claire -notamment un mur de briques blanchies.