L'ancien espace qui abritait la maison Lili.Co, rue de Mentana, était minuscule. L'équipe a donc décidé de déménager. Maintenant, c'est angle Villeneuve et Saint-Laurent, avec deux fois plus de place, qu'on retrouve l'équipe de Catherine Draws en salle et de David Pellizzari aux fourneaux. Et ils nous proposent encore et toujours une cuisine moderne qui fait une jolie place aux abats sans en faire une religion.

Le style du nouveau lieu ressemble beaucoup à l'ancien. Jolies décorations murales peintes. Bar à tabourets fixes où on mange seul ou à deux, tables de bois bien carrées, éclairage post-industriel. On est clairement dans l'air du temps. Murs sombres, cuisine ouverte.

Les serveurs et cuisiniers qui nous accueillent, chaleureux et attentionnés, savent quand être présents ou discrets. On se sent bien rapidement dans ce lieu sans prétention. Seul bémol: la cuisine a un problème de ventilation, le temps venu de faire griller des pièces de viande. La fumée devient alors trop présente pour le confort des convives assis au bar.

À table, on soigne délicatement les présentations des assiettes même si d'aucuns diront qu'on a trop vu de plaques d'ardoise. L'oursin diaphane est juste délicatement déposé dans sa coquille avec un dashi - savoureux bouillon d'algues et de poisson séché à la japonaise - dans une assiette creuse ronde, et il ravit par la simplicité de cette disposition minimaliste. On dirait une petite oeuvre d'art.

Le plat de champignons, aussi joliment disposé, plaira aux amateurs de ces produits sauvages, car non seulement les trompettes de la mort, matsutake, chanterelles et autres russules sont parfaitement poêlés pour garder leur tonus, en plus, on les rehausse d'une sauce à base de jus de champignon dotée d'une belle profondeur. Le genre de plat automnal dont la force de goût coiffe aisément la viande à l'arrivée: riche, salé, rempli d'umami...

En contraste, le hareng fumé déposé dans une soupe froide de concombre, très légère, bien que finie très délicatement au lait de coco - qu'on goûte à peine en fait - est très frais, presque évanescent. Un plat pour terminer l'été...

L'assiette de tomates propose des tranches multicolores de toutes sortes de spécimens de variétés ancestrales. Les fruits sont juste assez mûrs, garnis de grains de sésame grillés et d'une vinaigrette à base de jus de tomate. Dommage que les croquettes d'edamame - soja - soient si lourdes - il y a trop peu de contraste entre le coeur de la croquette et son enveloppe frite, peu croquante. Et dommage que le goût de la friture soit si prononcé.

Moi qui aime bien les abats, j'ai quand même passé mon tour pour les amourettes, mais mon plat préféré s'est imposé: la salade de langue d'agneau confite, absolument fondante en bouche, toute douce, servie avec des algues, de l'oignon et une vinaigrette ponctuée d'huile de sésame. Ce plat froid surprend par son côté presque onctueux, mais il comblera les gourmands. Et il mérite qu'on fasse l'effort de passer par-dessus toute réserve face aux abats.

Au dessert, légère déception.

Le plat est préparé avec des pêches grillées qui ne sont pas assez mûres, pas assez sucrées, pour en être supposément les vedettes. On cherche le parfum, la poésie. Les fraises marinées qui accompagnent les éléments principaux sont plus racoleuses, tout comme la glace au miel de sarrasin, tandis que la meringue, trop dense, alourdit la composition malgré ses efforts pour lui apporter un peu de croquant.

Bref, des hauts et des bas dans ce repas qui a un immense mérite, celui d'être préparé avec des produits de grande qualité, soigneusement choisis, par des gens qui prennent soin de leurs convives et de leur travail. On leur souhaite de continuer à apprendre. Et de nous étonner.

Lili.Co

4675, boulevard Saint-Laurent

Montréal

514 507-7278

restolilico.com


>Prix: On choisit deux ou trois plats à partager par personne et leurs prix varient de 5$ à 26$ chacun.

>Vin: Carte plutôt courte, soignée, avec de nombreuses importations privées de petits producteurs à prix raisonnables.

>Atmosphère: Décoration à la mode, avec du bois, de l'anthracite, des assiettes en ardoise et de l'éclairage post-industriel. Pensez ampoules dans des cages en métal. Le lieu est fréquenté par les gens du Mile End et du Plateau qui aiment la cuisine originale et bien faite.

>Service: Chaleureux mais à sa place, pro et efficace.

(+) L'accueil, la qualité des produits

(-) La ventilation à repenser pour le grill

On y retourne? Oui.