«Je peux te donner un scoop, dit Jérôme Ferrer, grand chef Relais&Châteaux. Dans 10 ans, l'aventure du restaurant Europea cessera. À ce moment-là, j'aurai passé le temps d'être derrière les fourneaux du matin au soir, comme je le fais.»

Pas question de laisser cette table classique, parmi les plus réputées de Montréal, rouler sans lui. «Sans juger aucun restaurateur, je ne souhaite pas, par intégrité, avoir un restaurant qui va continuer à vivre sur ma notoriété, sans que je sois derrière les fourneaux», dit M. Ferrer, qui entame la quarantaine.

Avec ses associés, le chef veut «prévoir une sortie qui nous fera vibrer», explique-t-il. Peut-être garderont-ils les restaurants Beaver Hall et Andiamo, moins haut de gamme, «avec une pléiade de chefs de cuisine qui m'entoureront», dit M. Ferrer.

«Avoir un but.»

«La vie a filé entre mes doigts à vitesse grand V, avec des moments très difficiles», résume-t-il. Sa conjointe a été emportée par le cancer, «au moment où on avait planifié une vie de famille, avec l'arrivée d'un enfant, dit-il. Quand on vit des épreuves aussi dures, on ne vit plus de la même manière.»

«La suite de ma vie doit avoir un but, identique à ce que j'ai toujours fait: de la cuisine, de la créativité, du soutien aux artisans et aux producteurs», énumère M. Ferrer. Le Centre de développement agroalimentaire tradition et qualité, qu'il ouvrira bientôt, pourrait être cette porte de sortie qu'il franchira avec bonheur. «Ça va me donner une belle raison de continuer, dit-il. Si le succès est au rendez-vous, bien sûr.»