L'alliée des fins de soirée montréalaises et le symbole de la bouffe-récomfort à la québécoise fait des adeptes à Toronto. En moins de deux ans, Ryan Smolkin a séduit une clientèle de plus en plus grande avec ses restaurants Smoke's Poutinerie et espère maintenant s'installer... à Montréal.

Comptoirs et tables en acier, chaises en bois, visuel à carreaux rouge et noir et rock canadien des années 80: pour ses restaurants, qui mettent à l'honneur la poutine, Ryan Smolkin a pioché dans une imagerie très canadienne. Vu du Québec, on peut s'en étonner, mais pour M. Smolkin, c'est on ne peut plus normal: la poutine est non seulement un bon produit, mais c'est aussiun classique «canadien».

Outre le décor très canadian classic, Smoke's Poutinerie offre des poutines de qualité, arrosées de sauces uniques au restaurant et de fromage provenant du Québec. Autour de la sainte trinité frites, fromage en crotte et sauce brune, on peut ajouter des choses «pas mal weird», dit Smolkin.

Entres autres, la carte comprend des poutines qui ne dépayseraient pas les habitués de la Banquise: une «nacho poutine», une «Montreal smoke meat poutine» ou encore un «feliz cheese poutine». On peut aussi laisser aller son imagination. «Il suffit de nous dire ce que vous voulez, et on le fait», promet-il.

Longtemps ignorée chez nos voisins ontariens, la poutine n'a jamais quitté l'esprit de Ryan Smolkin, qui a passé son enfance à Ottawa. «J'ai grandi à côté du Québec, j'allais en camp au Québec et j'ai pris l'habitude d'en manger très jeune. C'est resté dans ma tête», explique Ryan Smolkin.

L'idée d'un resto de poutines a germé il y a quelques années dans l'esprit de Smolkin, graphiste de formation. Il a toutefois peiné à trouver des partenaires pour se lancer dans l'aventure. Son premier restaurant a ouvert ses portes à l'automne 2008. «Mon mandat, c'est d'amener le Québec dans le reste du Canada», dit-il.

Si Ryan Smolkin ne semble pas feindre son enthousiasme pour la poutine - on peut discuter avec lui du meilleur moment de la journée pour en manger une, comme de la meilleure saison ou de la meilleure adresse montréalaise -, il ne cache pas non plus que Smoke's Poutinerie est avant tout une entreprise, qu'il espère faire grandir.

«Dans mes plans, je voulais 10 franchises en 2010», dit celui qui a organisé un championnat consacré à la poutine au printemps dernier: c'est maintenant chose faite. La 11e et plus récente adresse de Smoke's Poutinerie a ouvert ses portes en juillet à la très huppée station de Tremblant, et connaît depuis un succès certain.

«J'étais un peu inquiet au début, car je ne voulais pas qu'on m'accuse de faire de la copie. J'ai un respect total pour l'héritage québécois et j'essaie au contraire de l'amener hors du Québec», dit celui qui a aussi dans ses boîtes un projet pour Montréal.

Après le Québec, il espère convaincre des vertus culinaires de la poutine le Canada ou, pourquoi pas, certaines grandes villes américaines, où la poutine a toutes ses chances, selon lui. «Au début, les gens ont peur, ils ne comprennent pas. Le plus dur dans la poutine, c'est d'y goûter, mais après, c'est gagné, croit-il. Je peux vraiment voir des gens qui vont à un match de baseball, au Canada et aux États-Unis, commander une poutine.»