Puisque Montréal en lumière se poursuit encore jusqu'à la fin de semaine, je continue mon périple gastronomique portugais montréalais, qui m'a amenée cette fois dans deux restaurants totalement différents. Une institution feutrée, très traditionnelle, la Casa Minhota, sur le boulevard Saint-Laurent, au coeur du quartier portugais et Frango, une rôtisserie rapide de l'avenue du Mont-Royal, en plein Plateau.

À la Casa Minhota, dès le contact au téléphone, en faisant la réservation, on a su qu'on serait accueillis les bras ouverts, en famille. «Les enfants sont les bienvenus», nous a-t-on dit sur le ton le plus rassurant possible.La Casa n'est pourtant pas un établissement typiquement «familial». D'un côté, il y a un bar où quelques habitués se retrouvent les soirs de semaine. De l'autre, on trouve une salle à manger calme, avec clients sagement assis et dévorant morue salée et sardines grillées.

Car ce restaurant ne fait pas dans la modernité éclatée. Au menu, ce sont les classiques qui se distinguent. La sardine grillée, par exemple, est comme on la veut, tendre et toute simple, encore moelleuse. Sans complication. La morue frite, terminée au four, garnie d'une généreuse quantité de pommes de terre en tranches frites, fond en bouche, salée et réhydratée, goûteuse. Bravo à la tombée d'oignons qui, telle une sauce, lie les bouchées.

Et si le porc préparé comme en Alentejo déçoit un peu puisque les bouchées de viande sont un peu raides sous la dent et que les palourdes sont trop peu nombreuses, le poulet grillé, lui, est tendre et bien relevé.

Notre plat favori ? Le poulpe grillé, qui n'a rien de coriace mais n'a pas non plus perdu sa douce résistance sous la dent et qui, comme la sardine, vient accompagné de petites verdures toutes en fraîcheur. Merci au cresson frais de toujours savoir apporter lumière verte et notes poivrées.

En revanche, durant tout le repas nous nous sommes ennuyés de la coriandre fraîche d'habitude omniprésente dans la cuisine portugaise.

Service d'une immense gentillesse, prix raisonnables (on peut aisément s'en sortir entre 30 $ et 40 $ par personne, tout compris), azulejos sur les murs, décoration figée dans le temps : Casa Minhota traverse les années sans jamais bouger. Pour le meilleur et pour le pire.

Frango

Chez Frango, on arrive de plain-pied dans le deuxième millénaire. Celui de la restauration rapide post-malbouffe, proposée avec une approche marketing aérée, allumée. Oui, on y commande à vive allure du poulet grillé sur charbon de bois, spécialité portugaise, qui arrive en quelques secondes dans un plat prêt à être emporté. Sauf que le poulet est bon. Il est bien grillé, bien préparé. Il est coupé en morceaux mais on voit bien qu'il a déjà eu une vie. On est loin des croquettes. On est dans la vraie nourriture.

Même s'il y a quelques tables pour manger sur place, si on le veut, c'est réellement le marché du repas prêt à être emporté qui est visé. On achète un petit poulet entier (11,50 $), en quarts ou en moitiés. On nous demande si on le veut doux et on le badigeonnera alors d'huile d'olive salée à peine assaisonnée, ou si on le veut piquant. Si c'est l'option choisie, bonjour le piri-piri, cette sauce hyper pimentée typiquement portugaise, héritage enflammé d'une époque coloniale aux importations directement branchées sur les pays tropicaux.

Pour le poulet, on peut aussi le choisir en sandwich (6,50 $), si on y passe par exemple le midi, et compléter le repas par quelques croquettes de morue. Surtout qu'elles sont particulièrement légères et craquantes sous la dent. Un coup de coeur.

Les croquettes au chouriço, elles, sont plus surprenantes, puisqu'on a préparé une sorte de pâte blanche avec la saucisse, qui retient bien le goût de fumée, et qui est ensuite frite. Surprenant mais délicieux.

Les amateurs de cuisine portugaise qui voudront déguster un repas complet comme à Lisbonne ou Porto pourront aussi choisir de la salade de pieuvre grillée au comptoir à salades ou alors opter pour un fromage au lait de brebis. Au Portugal, ces fromages sont sur toutes les tables. Bien chambrés, coulants. On coupe la croûte du dessus, comme si c'était un couvercle et on trempe le couteau dedans.

Sardines portugaises en boîtes, mini miches rondes à sandwich, pain à la farine de maïs... Les produits portugais offerts dans la section épicerie sont peu nombreux mais vraiment typiques. Sans parler, évidemment, des pasteis de nata (tartes aux oeufs et à la crème sur pâte feuilletée), pour le dessert.

Bom proveito !

Casa Minhota

3959, boulevard Saint-Laurent

514-842-2661

Frango

1318, avenue du Mont-Royal Est

514-903-1228

www.frango.ca