Trouver des insectes ou des rongeurs au restaurant ou au supermarché, c'est un cauchemar qu'on ne veut pas voir se concrétiser. Huit établissements montréalais ont pourtant été condamnés, en novembre et décembre derniers, parce qu'ils n'étaient pas exempts «de contaminants, de polluants, de toute espèce d'animaux y compris les insectes et les rongeurs ou de leurs excréments».

Parmi eux, le restaurant Mahjongg, boulevard Décarie, a été condamné deux fois pour des infractions datant de 2009 et 2010. «Les multirécidivistes sont un grand problème, a dit hier à La Presse François Meunier, vice-président de l'Association des restaurateurs du Québec (ARQ). Il faudrait mettre en place des mesures pour les éliminer du marché.»

L'ARQ propose un système de points d'inaptitude qui entraînerait la fermeture des établissements trop souvent condamnés. «Actuellement, le seuil de tolérance est trop élevé, cela entache l'ensemble de l'industrie, fait valoir M. Meunier. Il faudrait peut-être indiquer la sortie à ceux qui sont condamnés pour malpropreté générale deux ou trois fois par an.»

À Montréal, 26 contrevenants ont reçu pour 77 650$ d'amendes lors des deux derniers mois de 2010. La malpropreté est souvent en cause (aux restaurants Fung Shing, boulevard Saint-Laurent, Tiki-Ming, rue Jean-Talon Est, Franx Supreme, rue McTavish, Deli Capri, boulevard Rosemont, U&Me, rue Sainte-Catherine Ouest, Buffet Maharaja, boulevard René-Lévesque Ouest, Carveli, chemin de la Côte-Saint-Luc, et Mahjongg, boulevard Décarie), mais aussi le maintien d'aliments à une température impropre, révèle la Ville de Montréal.

Près de 80 infractions en Montérégie

Ailleurs au Québec, c'est le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ) qui mène les inspections. Il y a eu 76 infractions en Montérégie, 17 dans les Laurentides, 8 à Laval et 4 dans Lanaudière, selon les jugements rendus du 25 novembre au 2 février.

Le Bifteck Rive-Sud, à Boucherville, a été condamné 13 fois pendant cette période, pour malpropreté générale, détention d'aliments impropres à la consommation humaine, indication fausse ou trompeuse de date de fabrication et récidives. Des infractions observées en 2007, 2008 et 2009 lui ont valu 15 000$ d'amende. «L'exploitant a cessé ses activités», précise le MAPAQ.

L'érablière Au Toit rouge, à Mont-Saint-Grégoire, a reçu une amende de 250$ pour avoir servi «un succédané de produit de l'érable» en 2010. Plusieurs autres établissements ont été condamnés pour malpropreté, dont certains récidivistes, comme les restaurants Jing Hua à Brossard et Saint-Cinnamon à Châteauguay.

Les inspecteurs peuvent fermer pour cinq jours

«S'il y a un risque imminent pour la santé, les inspecteurs ont le pouvoir de fermer un établissement pour cinq jours», a indiqué Geneviève Rousseau, adjointe à la direction de l'inspection des aliments du MAPAQ. Une quarantaine d'ordonnances en ce sens ont été rendues de mai 2007 à avril 2010 à l'extérieur de Montréal. Au besoin, elles peuvent être renouvelées.

«Dans les grands centres, il y a plus de risques de fermeture puisqu'on y trouve plus souvent des rongeurs ou des blattes», a expliqué Mme Rousseau. Le ministre peut prolonger la fermeture pendant 30 jours, voire suspendre ou refuser de renouveler le permis de l'exploitant. «Mais la très grande majorité des cas se règlent en cinq jours», a souligné Mme Rousseau.

Restaurants et marchés de Montréal condamnés parce qu'ils n'étaient pas exempts d'animaux, de contaminants, de polluants :

-Restaurant Mahjongg, boul. Décarie



-Marché Blair, rue Jarry Ouest



-Restaurant Pho Vietnam, boul. Saint-Laurent



-Supermarché Esposito, boul. Marcel-Laurin



-Pizzédélic Quartier Latin, rue Saint-Denis



-Marché Inter-Asia, rue Wellington



-Restaurant Samiramiss, boul. Décarie



-Restaurant Tex-Mex, rue Saint-Germain



Source : Condamnations en novembre et décembre 2010, Inspection des aliments, Ville de Montréal.