Le chef innu Manuel Kak'wa Kurtness, du Lac-Saint-Jean, a remporté le Prix «La Mazille -international» au Festival du livre gourmand de Périgueux pour son ouvrage «PachaMama, cuisine des Premières nations».

Le Québec était à l'invité d'honneur de la manifestation, une présence sans précédent célébrée en grande pompe. Parrain québécois de ce onzième festival, le chef du Toqué, Normand Laprise, a fait fureur, notamment avec ses sucettes de foie gras caramélisées au sirop d'érable, dont certains parlaient encore dimanche soir avec des sanglots dans la voix...

Paru il y a un an aux éditions du Boréal, PachaMama propose, selon l'expression de son auteur, un «voyage ethno-gourmand» au sien d'une douzaine de communautés. C'est le premier ouvrage de cuisine du genre publié en français, le premier aussi écrit par un chef autochtone. Pour Manuel Kak'wa Kurtness, originaire de Mashteuiatsh, le Prix La Mazille est par ailleurs une première récompense décrochée à l'étranger.

«Cette cuisine représente le terroir québécois, vieux de plusieurs millénaires. C'est autour de ce terroir que s'est faite la première rencontre entre les Européens et les autochtones. Faire connaître cette tradition, cette philosophie alimentaire, c'est donner la parole aux autochtones d'une autre manière», a expliqué le chef de 42 ans.

La tradition, Manuel Kak'wa Kurtness l'intègre dans la modernité et c'est avec sa tablette numérique tactile et son téléphone intelligent qu'il a expliqué son travail à ses interlocuteurs périgourdins, manière de tordre le cou aux clichés et de «démystifier la réalité» des Premières nations.

Créé en 1990, le Salon international du livre gourmand de Périgueux, capitale du Périgord, du foie gras et de la truffe, se tient tous les deux ans et célèbre «la passion des mots et des mets». Ce weekend, la ville entière s'est mis à l'heure gourmande, accueillant 210 auteurs (dont une dizaine du Québec), près de 70 éditeurs et une trentaine de chefs, sans parler des animations, ateliers, expositions et conférences de toutes sortes.

Le Prix La Mazille a été nommé ainsi en l'honneur d'Andrée Mallet-Maze, dit La Mazille (1891-1984), auteur de «La bonne cuisine du Périgord», qui a fait connaître la gastronomie périgourdine à travers le monde. Le prix récompense un auteur français et son pendant «international» un étranger.

Parrain québécois du festival, Normand Laprise a travaillé avec le parrain français de l'événement, Jacques Le Divellec, le patron du célèbre restaurant de fruits de mer et de poissons qui porte son nom sur l'esplanade des Invalides, à Paris.