Fondé il y a plus de 30 ans et réunissant les maîtres des cuisines de l'Elysée, de la Maison-Blanche ou du Kremlin, le club des chefs des chefs d'État est réuni cette semaine à Hong Kong, occasion pour eux de partager les péchés mignons des grands de ce monde.

De Georges Pompidou à Nicolas Sarkozy, le Français Bernard Vouisson, derrière les fourneaux de l'Elysée depuis près de 37 ans et chef depuis 7 ans, s'est fait aux habitudes des cinq chefs d'État qu'il a servis.

«Le couple Sarkozy demande, pour les dîners privés, une cuisine très simple, des salades, des viandes blanches et bien sûr pour Mme Sarkozy, des pâtes», explique celui qui a fait ses classes dans les ambassades.

«Très intéressé par ce qu'on lui propose, le président a son oeil sur ce qu'on lui sert et sur la façon dont c'est dressé. Pour le choix des menus, je lui fais des propositions, et c'est lui qui choisit, même pour les déjeuners qu'il prend à bord de l'avion présidentiel», révèle M. Vouisson.

Si le président priviligie une cuisine «spontanée et légère», la palette des plats proposés est «très large, poisson, viande blanche, veau, avec des produits venant essentiellement de France, même si on n'y trouve pas toujours tout».

Intéressé par les influences exotiques, «comme le salé sucré», le chef originaire de Sologne, qui aime ajouter des «herbes fraîches, comme la coriandre dans un crumble ou du gingembre», reste cependant classique, et ne se dit «pas un grand fan de la cuisine moléculaire».

Aucun diététicien n'intervient cependant, le seul président qui y fit appel fut François Mitterrand, confie encore le chef élyséen.

S'il confie avoir entretenu un contact privilégié avec Jacques Chirac et «la première dame» avec qui il avait «plus le temps de parler», le rythme s'est «accéléré sous M. Sarkozy», avec plus de réceptions et d'invités, avoue M. Vouisson, qui à 57 ans, se voit bien terminer son mandat dans trois ans.

À Hong Hong, pour la 33e réunion annuelle du club, le chef français côtoie deux de ses amis, Jérôme Rigaud, qui cuisine pour le président russe Dmitri Medvedev et Christian Garcia, au piano de la famille princière monégasque depuis 1987.

Parmi les 25 chefs présents figure également Cristeta Comerford. «Nous échangeons des informations sur nos présidents respectifs. J'ai déjà eu l'occasion de le faire avec Cristeta qui m'a appelé avant la visite aux États-Unis de M. Sarkozy pour me demander ce que le président aimait», raconte encore M. Vouisson.

Originaire des Philippines, et première femme à accéder aux fourneaux de la Maison-Blanche, Mme Comerford assure qu'il est «aisé de satisfaire» la famille Obama.

«Le président et sa famille sont très ouverts à différents styles de cuisine. Il est très aisé de les satisfaire», confie cette petite femme, émigrée aux États-Unis en 1980 et choisie par Laura Bush.

Amateurs de cuisine vietnamienne mais aussi de dim sums chinois, les Obama aiment aussi les fruits de mer comme le crabe bleu du Maryland.



Après un dîner de gala mercredi à l'hôtel Mandarin de Hong Kong, les chefs prendront la direction de Pékin où ils iront à la rencontre de la cuisine et des chefs chinois et où ils rappelleront une fois de plus la devise de leur club: «la politique divise les hommes, la gastronomie les réunit».