Les chocolatiers syriens revendiquent désormais de partager avec la Belgique et la Suisse, considérés comme les rois du chocolat, un empire au sein duquel les douceurs de Damas ou d'Alep s'exportent de mieux en mieux dans le monde entier.

Longtemps considérée comme la bête noire de la politique au Moyen-Orient, la Syrie émerge lentement de son isolement international et les pâtissiers semblent jouer un rôle de premier plan pour montrer un doux visage du pays.

Réputée depuis toujours pour sa pâtisserie traditionnelle, particulièrement à Damas et Alep, la Syrie peut se targuer aussi d'avoir conquis les marchés internationaux avec un chocolat de qualité.

«Pourquoi du chocolat syrien? Pourquoi pas? Qu'ont les pays comme la Suisse et la Belgique que nous n'aurions pas en Syrie pour pouvoir faire du chocolat?», se demande Bassam Ghraoui, à la tête de la chocolaterie la plus réputée du pays.

«C'est un grand défi, mais le fait que nous produisions du chocolat de luxe, deux fois plus cher que le chocolat belge, par exemple, est une douce surprise pour beaucoup de gens», dit-il en souriant.

Cet ingénieur devenu entrepreneur raconte que son père Sadek était le premier chocolatier du Moyen-Orient au début des années 1930.

Mais à présent, l'entreprise familiale fait face à la concurrence d'autres chocolatiers syriens comme Zenbarakji ou Art Chocolate, qui ont également conquis le marché international.

«Nous importons du cacao d'Afrique, des noisettes de Turquie et tout le reste est syrien», explique M. Ghraoui, dont l'entreprise a remporté en 2005 un «Prix d'Honneur» pour «le meilleur chocolat étranger» au Salon du chocolat à Paris. L'entreprise exporte actuellement 60% de sa production, ajoute-t-il.

Elle vend plus de 30 000 kg de chocolat par an sur Internet à des clients en France, par le biais de sites de partenaires européens.

Aucun chiffre officiel n'est disponible sur l'industrie du chocolat en Syrie.

«Mon père a commencé à faire du chocolat et à fabriquer d'autres douceurs en 1936», raconte un autre confiseur-chocolatier, Saïd Zenbarakji.

«La concurrence a débuté en 1990, quand la société a commencé à exporter du chocolat à des pays arabes comme le Liban, l'Égypte, l'Arabie saoudite et le Qatar», poursuit-il.

«Nos produits sont entièrement fabriqués en Syrie, et le chocolat syrien est demandé à l'étranger», explique ce chef d'entreprise qui exporte en Europe, au Canada, au Brésil et à Hong Kong depuis environ 10 ans.

La maison Ghraoui, qui a des magasins dans des pays arabes, vend aussi des fruits confits en Europe, notamment au magasin Harrods à Londres, et en Russie.

Un troisième chocolatier syrien, Art Chocolate, «fait face à une forte concurrence sur les marchés local et international», explique Khaled Sammani, chef de l'entreprise familiale créée en 1923 à Alep.

«Nous vendons notre chocolat dans les pays arabes, en Amérique et au Canada», ajoute-t-il.

En Syrie, les clients sont nombreux.

«C'est tellement bon que je suis accroc», explique en souriant une cliente à la maison Ghraoui à Damas en savourant une «Palmyre», datte fourrée aux amandes et enrobée de chocolat noir.