Après une soirée arrosée à Berlin, les barmen ont mercredi deux nouveaux champions du monde: Gianluigi Bosco, un Britannique polyglotte, maître en jonglage de bouteilles, et Vladimir Banak, un Slovaque dont le «Sweet Road» a été sacré cocktail de l'année.

«Je ne peux toujours pas croire que je suis champion du monde», a déclaré Bosco, nouveau roi de la catégorie «style libre», à l'AFP. «En venant, je me disais simplement que je serais heureux d'être en finale.»Plus de 800 barmen de 52 pays se sont mesurés dans cette 35e édition des championnats du monde de cocktail: maîtres dans la catégorie «style libre» et gourmets pour le «classique», dont le champion, le Slovaque Vladimir Banak, a gagné sur «l'apparence, l'arôme et le goût» de son mélange.

Propulsant dans les airs jusqu'à quatre bouteilles en même temps, avant de les rattraper dans son dos, Bosco doit son trophée à sa dextérité et à un breuvage corsé, à base de vodka, liqueur de pomme, vanille et jus de citron, couronné de citron vert, d'une tranche de pomme et de baies rouges.

Gianluigi Bosco, qui brandit fièrement le drapeau du Royaume-Uni, et parle couramment le français, l'espagnol et l'italien, en plus de l'anglais, a douché les espoirs des Allemands, qui visaient un troisième titre mondial dans la catégorie avec leur champion, Levent Yilmaz.

Le public dans les salons d'un hôtel berlinois, agglutiné devant les comptoirs où l'alcool était servi à volonté, était pourtant acquis au favori national, qui lui a servi un ballet aérien de quatre bouteilles et un shaker, réceptionnant un flacon sur son nez.

À peine remis d'une blessure à une épaule, souvenir d'un lancer hasardeux d'une bouteille au cours d'un tour préliminaire, Yilmaz était tout juste de retour dans la compétition.

«Ce matin, il ne pouvait pas bouger son bras», a expliqué le président de l'Association allemande des barmen, Bernhard Stoehr, à l'AFP. «Huit piqûres» plus tard, Yilmaz était de retour en piste.

Ne laissant rien au hasard, les tenants du titre avaient loué pour leur préparation physique les services d'un entraîneur des Championnats du monde d'athlétisme, qui auront lieu à partir du 15 août à Berlin.

Avec cinq minutes pour l'emporter, chaque candidat doit en mettre plein les pupilles --quelque peu dilatées-- au public. Le premier concurrent, Indiana Jones, a fait son entrée coiffé d'un feutre, la musique du film à plein volume.

Mais foin de tape-à-l'oeil, de musique à gogo et de foule imbibée: pour décerner le trophée, le jury se veut intraitable.

«Le contenu d'alcool doit être limité à 7 centilitres par boisson», «il est interdit de flamber» et «seuls les fruits, légumes et herbes comestibles peuvent être utilisés comme accompagnements», selon le règlement.

Côté papilles, Vladimir Banak, un Slovaque, a remporté le trophée «classique», avec son «Sweet Road», un mélange de vodka à la framboise, de cassis, de vanille et de crème, couronné de cacao en poudre.

Ce nouveau «cocktail de l'année» sera servi en ouverture de la prochaine édition des Championnats du monde, à Singapour, a annoncé le président de l'Association internationale des barmen, Derek Lee.