L'Angola, grand exportateur de pétrole et diamants, ravive lentement ses plantations coloniales de café pour diversifier une économie ravagée par trente ans de guerre civile.

La quasi-totalité des plantations, créées par le colonisateur portugais, ont été détruites par la guerre civile (1975-2002) qui a suivi l'indépendance.Pourtant, «la fève robusta d'Angola est la meilleure du monde», a expliqué à l'AFP un ingénieur de l'Institut national du café, Mayimona Romulo.

«En termes de climat et de précipitations, nous jouissons d'excellentes conditions pour cultiver le café. En plus du robusta, nous commençons à faire pousser de l'arabica sur les plateaux du centre», a-t-il ajouté.

Dans les années 1970, avant la guerre civile, les 2.500 fermes commerciales et 250.000 petits exploitants angolais produisaient jusqu'à 228.000 tonnes de café par an, faisant du pays le quatrième exportateur mondial.

Mais la guerre a fait s'écrouler la production à moins de 9.000 tonnes en 1985, puis 2.000 tonnes en 2007.

Aujourd'hui, les cours mondiaux du café explosent (+45% pour le robusta de 2007 à 2008), faisant du café une nouvelle priorité gouvernementale.

«Le café et toute la filière agricole sont fondamentaux pour le développement de notre société parce qu'ils créent des emplois, beaucoup plus que l'industrie pétrolière», a expliqué à l'AFP le ministre de l'Economie, Manuel Nunes Jr, lors d'une foire agricole.

Sans chiffrer les investissements, le ministre de l'Agriculture, Pedro Canga, assure que le gouvernement «est déterminé à créer les meilleures conditions pour le secteur du café» grâce à des partenariats publics-privés.

Parmi les investisseurs privés, la société BelaNegra, spécialisée à 100% dans le café robusta bio, estime qu'«il y a beaucoup de potentiel ici», selon son directeur commercial, Luiz Gonzaga. BelaNegra espère commercialiser son café angolais prochainement en République tchèque, au Portugal et en Espagne.

A plus petite échelle, les Etats-Unis et la compagnie pétrolière américaine Chevron financent à hauteur de 6 millions de dollars (4,2 millions d'euros) le programme Pro-Agro, qui cherche à accroître les rendements, à dynamiser les bananeraies et à aider les petits producteurs de café.

Attirer les acheteurs n'est pas facile. «Financièrement ce n'était pas viable», explique sous couvert de l'anonymat le porte-parole d'une société britannique. «Nous sommes juste parvenus a récolter 80 tonnes pour l'exportation en deux ans», a-t-il dit à l'AFP.

D'autres, comme le directeur général d'Action pour le développement rural et l'environnement, se disent également sceptiques. «Tout le monde parle de l'Angola comme d'un grand exportateur de café mais ils semblent oublier que cela se passait à l'époque coloniale, quand les Angolais travaillaient dans les plantations comme esclaves», estime Sergio Calundungo.

«Pour cultiver du café, vous avez besoin de très grandes terres, de bonnes infrastructures avec des zones de traitement et de stockage, et surtout, cela ne nourrit pas la population», selon lui.

Mais l'industrie locale reste optimiste. Le coordinateur d'un projet d'institut du café dans la région du Kwanza Sul, à l'ouest du pays, Pascoal Miranda, préfère conclure que «le café est (là) pour toujours. Il ne va pas s'éteindre comme le pétrole».