Fuad Alnirabie ouvrait le Damas il y a six ans, comme revenu d'appoint entre deux tournages. Rapidement, le restaurant est devenu son gagne-pain principal et les projets de cinéma ont été mis sur la glace. Bref portrait d'un chef discret.

Né en Alberta, Fuad Alnirabie est déménagé en Syrie avec sa famille lorsqu'il avait 10 ans. Il y a passé la deuxième décennie de sa vie. À 20 ans, le jeune homme est venu s'installer à Montréal. Les membres de sa famille proche sont également ici. D'autres sont éparpillés un peu partout sur la planète. Les moins chanceux sont toujours en Syrie, incapables de sortir du pays.

À l'université, le futur chef qui s'ignorait a étudié le cinéma. Le thème qu'il souhaitait développer à l'écran? La bouffe! Et plus précisément la cuisine syrienne. Il a tourné deux longs métrages de fiction inspirés par cette muse obsédante.

Bien qu'il ait suivi quelques brèves formations dans ce pays qui est aujourd'hui à feu et à sang, Fuad Alnirabie est un autodidacte. Il croyait peut-être que son passage en restauration ne serait que temporaire. Mais le Damas, avec son exotique et chaleureuse salle à manger de l'avenue du Parc, s'est rapidement bâti une réputation d'exception.

Aussi les clients étaient-ils sous le choc lorsque la maison a brûlé, en février 2015. À peine assuré, le chef a reçu une somme dérisoire pour repartir à zéro.

Nouveaux projets

Mais quelques mois plus tard, fort de nouveaux investisseurs, le Damas était déjà prêt à recevoir ses clients dans un autre local, beaucoup plus spectaculaire celui-là, avenue Van Horne.

«La plus grande différence, ici, c'est qu'on cuisine sur charbon», explique le chef. En effet, lorsqu'on s'installe au comptoir tout au fond du restaurant, on peut admirer le spectacle du maître des grillades qui fait cuire pieuvre, aubergines, agneau et autres ingrédients sur le feu.

Le restaurant de 3000 pi2 (110 places à l'intérieur et 70 sur la terrasse, l'été) est toujours plein. L'équipe se prépare maintenant à prendre possession des 2000 pi2 voisins (un ancien gym) pour ouvrir un restaurant axé davantage sur les repas du midi et sur les plats pour emporter. «J'ai envie de faire des choses plus décontractées que je ne peux pas faire chez Damas, comme des sandwiches», admet Fuad Alnirabie.

Ses plans d'expansion vont bien au-delà de l'avenue Van Horne. Le chef a eu plusieurs offres pour ouvrir un Damas dans d'autres villes. Il s'est promené pour étudier le potentiel de certaines d'entre elles, mais n'est pas encore convaincu. «J'ai peur que ça affecte la qualité du premier», avoue-t-il, tout en restant ouvert à des projets stimulants.