Le stationnement des Chiefs et des Royals, les deux principales équipes de sport professionnel à Kansas City, est bondé de véhicules récréatifs. Le soleil se lève à peine, mais une fumée odorante flotte déjà au-dessus des centaines de motorisés. Bienvenue à la série mondiale du barbecue.

Steven Raichlen est bien placé pour parler de la «Série mondiale» du barbecue. Celui qui est connu comme le «Maître du grill» a déjà participé au concours comme compétiteur, comme journaliste et comme juge. Le week-end dernier, il a même été intronisé au Temple de la renommée du barbecue.

«L'ambiance est à la fois festive et compétitive. Les participants sont des gens très dévoués. Pour devenir champion, il faut y mettre énormément de travail et y consacrer énormément de ressources financières», déclare le francophile.

Photo Simon Giroux, La Presse

Les équipes se sont déplacées des quatre coins des États-Unis, du Canada, de l'Australie et du Japon, dont certaines avec de costauds fumoirs sur remorque. La plupart des participants ont transporté quatre barbecues pour le concours. Le jour, ils cuisinent en regardant une partie de football ou en écoutant de la musique country. La nuit, plusieurs «pitmasters» veillent afin de contrôler la température de leurs différents outils de cuisson.

Les participants prennent la compétition au sérieux, mais il suffit d'échanger quelques mots pour se voir offrir des côtes levées ou une bière par des Texans, des Missouriens ou des Tennesséens.

«C'est un événement fantastique», lance Kyle Curtis, qui a un emplacement tape-à-l'oeil avec des fumoirs installés dans un vieux camion. «Plusieurs cuisiniers ne viennent pas pour gagner. Ils viennent pour l'expérience. On participe pour la camaraderie, pour rencontrer des gens, pour les concerts le soir. Si vous faites le concours juste pour gagner et pour l'argent, vous avez de fortes chances d'être déçu.»

Du talent et un peu de chance 

L'American Royal est une compétition de neuf catégories, dont «légumes», «pommes de terre», «fèves au lard», «desserts» et «saucisses». Mais ce sont les points accumulés dans les catégories «porc effiloché», «côtes levées», «brisket» (poitrine de boeuf) et «poulet» qui permettent de décrocher les grands honneurs à la fin du week-end.

Lorsque le temps est venu de livrer un plat d'une catégorie aux juges, la scène prend des airs de grand-messe. Les 618 participants convergent tous vers le même endroit en tenant leur boîte de styromousse à deux mains et en marchant bien droit pour ne rien gâcher de leur présentation.

Si un plat doit être livré à midi, les participants ont précisément entre 11h55 et 12h05 pour déposer leur boîte blanche sur la table noire des juges. Dès cet instant, les dés sont jetés. Pour gagner, une bonne recette et un soupçon de chance sont nécessaires.

Les juges ne sont pas tenus de goûter aux 618 plats. Ils sont réunis en groupes de six et ils goûtent aux plats de six équipes, explique Allison Verman, qui, avec sa soeur, est l'une des seules femmes à être meneuse d'équipe. «Une table de juges ne goûtera pas et n'évaluera pas de la même manière que la table voisine.»

Photo Simon Giroux, La Presse

Et qui sont les champions du monde 2015? L'équipe Grills Gone Wild a séduit les juges et a remporté les grands honneurs. Ces compétiteurs de l'Iowa sont repartis en ayant gagné 12 500$ et le respect de leurs pairs. Et, sans le moindre doute, avec une forte odeur de fumée imprégnée dans leurs vêtements.