«Édouard réagit en posant énergiquement sa fourchette dans l'assiette. «Môman, vous allez pas me faire une scène à la veille de Noël pour un morceau de tarte aux pommes.» «Certain que j'vas te faire une scène pour un morceau de tarte aux pommes! C'tait le morceau de tarte aux pommes du père Noël!» »

Des citations comme celle-là, toutes tirées de l'oeuvre de l'écrivain Michel Tremblay, la libraire Anne Fortin en a recensé plus de 400, dont 150 lui ont permis de concocter Ainsi cuisinaient les belles-soeurs: un beau livre consacré à l'histoire culinaire du Québec urbain de 1913 à 1963, tel que racontée et «documentée» par les romans de Tremblay! Agrémenté d'un tas de recettes, d'illustrations, de photos d'époque, d'explications et même d'arbres généalogiques, il se lit d'ailleurs comme un roman. Dont le sous-titre aurait pu être: «Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la genèse du gâteau renversé aux ananas, du petit sandwich pas de croûte et de la sauce aux oeufs!»

Car, pour bien faire, la propriétaire de la Librairie gourmande (au marché Jean-Talon) a aussi puisé dans sa propre collection de livres de recettes «canadiennes-françaises» d'époque. Et ainsi découvert que les racines de notre cuisine sont essentiellement anglo-saxonnes: les petits gâteaux «moka», la sauce au thé, le pound cake, sans oublier notre amour des biscuits Social Tea et de la fameuse «sauce anglaise»...

Coloré, instructif, littéraire, culinaire et divertissant, Ainsi cuisinaient les Belles-soeurs permet donc de renouer à la fois avec notre cuisine kitsch, au sens noble du terme, et avec l'oeuvre de Michel Tremblay. Même l'irascible Albertine aimerait ce livre...

Ainsi cuisinaient les belles-soeurs dans l'oeuvre de Michel Tremblay, d'Anne Fortin, éd. Flammarion/Leméac, 192 p., 39,95$