Une étude publiée jeudi par le Conference Board du Canada place le Canada au sommet d'un classement international en matière de salubrité des aliments, ex aequo avec l'Irlande et juste devant la France.

Ce classement, qui regroupe 17 pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a été produit par le Centre pour l'alimentation au Canada du Conference Board, en collaboration avec l'Institut alimentaire de l'Université de Guelph. L'étude a été financée par Santé Canada et l'Agence d'inspection des aliments du Canada (ACIA).

Des classements précédents réalisés en 2008 et en 2010 plaçaient le Canada parmi les cinq premiers.

Le chercheur principal, Jean-Charles Le Vallée, affirme que le Canada a amélioré sa performance mais qu'il a aussi bénéficié de changements méthodologiques.

«Nous sommes dans le peloton de tête depuis toujours et ça ne nous surprend pas donc qu'on soit fort, mais les indicateurs ont changé et, donc le classement change. Dans ce cas-ci, avec ces dix indicateurs, le Canada est premier», a-t-il expliqué.

Les chercheurs ont analysé dix indicateurs qui portent sur trois axes, soit l'évaluation, la gestion et la communication des risques.

La performance canadienne s'explique en grande partie par «le nombre systématiquement faible de cas de maladies d'origine alimentaire et de rappels signalés» ainsi que par «la nouvelle politique du Canada en matière d'étiquetage des allergènes et à un effort accru de transparence», selon Jean-Charles Le Vallée.

Le document démontre également une forte confiance des Canadiens puisque les deux tiers d'entre eux (67 pour cent) pensent que la salubrité des aliments s'est améliorée au cours des cinq dernières années.

Malgré tout, les chercheurs identifient quelques points faibles que le Canada doit chercher à améliorer, notamment en ce qui a trait à la traçabilité des aliments et à la présence de radionucléides.

Ils notent également des faiblesses en matière de communication au public des renseignements sur les risques chimiques associés à la consommation d'aliments, sur les études sur la nutrition et le régime alimentaire.

«Même si on performe très bien, il y a toujours des choses qu'on doit améliorer, précise M. Le Vallée. Nous ne sommes pas dans les meilleurs pour ces indicateurs, mais nous ne sommes pas dans les pires non plus.»

De plus, une réserve importante doit être ajoutée, puisque les données ont été recueillies pour la plupart avant la réduction, en 2012, de 234 employés à l'ACIA. De toute façon, souligne le chercheur, il aurait été difficile de tenir compte de cette donnée, et ce, pour deux raisons.

«Le nombre d'inspecteurs n'est pas un indicateur de performance en soi. Nous sommes plus intéressés par le nombre d'inspections par usine ou par entreprise. Il faut une information supplémentaire pour mesurer une performance», explique-t-il.

De plus, il faut avoir une base de comparaison, ce qui n'était pas disponible, dit-il.

«Nous avons regardé pour des données sur les niveaux d'inspection, les audits, les vérifications, mais nous n'avons pas pu trouver un indicateur qui était commun à l'ensemble des pays pour pouvoir l'inclure dans le palmarès.»

Il reconnaît cependant qu'à première vue, la réduction du nombre d'inspecteurs pourrait avoir eu un effet, mais encore là, il évite de tirer des conclusions hâtives.

«Théoriquement, c'est logique, sauf qu'il faut comprendre que l'industrie pourrait elle-même avoir augmenté son niveau d'inspection. C'est dans leur intérêt de le faire, mais nous n'avons pas pu évaluer cette question», dit-il.

Un élément de réponse peut toutefois être déduit du fil des événements, puisque le gouvernement conservateur a décidé de renflouer l'ACIA, le budget de février 2014 prévoyant l'embauche de 200 inspecteurs à la suite du rappel de boeuf albertain de la compagnie XL Foods.