Pour les recettes de la semaine avec ou sans gluten, pour des desserts décadents ou encore pour découvrir des cuisines exotiques, l'internet regorge de blogues culinaires. Au cours des prochaines semaines, nos journalistes vous présentent ceux qu'ils ont adoptés.

QUI?

Guillaume Long. Il a 37 ans, raffole des hamburgers mais déteste la malbouffe, passe «trop» de temps à cuisiner, mais peu importe, puisque c'est aussi son gagne-pain. Enfin, presque: l'inspiration de ce bédéiste ne lui vient pas en mangeant, mais en mitonnant de bons petits plats dont il raconte les hauts et les bah! sur son blogue humoristique À boire et à manger (ABAM), hébergé sur le site du quotidien français Le Monde depuis 2009.

LE BLOGUE

ABAM est loin, très, très loin de la food porn et des blogues où chaque plat, chaque ingrédient sont photographiés avec le même soin porté aux mannequins des magazines de mode. Fin gourmet, Guillaume Long n'aime pas les recettes compliquées et encore moins les assiettes dressées avec une précision d'orfèvre. «Je pars du principe que la gastronomie, cela peut être une belle tomate coupée en quatre avec un peu de sel, de poivre et de l'huile d'olive. C'est simple et c'est bon.» Sa cuisine est instinctive. Ses recettes incluent des consignes du genre: «Ça doit faire shhhhhh, et surtout pas krshkrtart» pour décrire la cuisson d'un risotto, ou encore des ingrédients dans des quantités «ça, c'est toi qui vois».

C'est donc plutôt pour son humour décalé qu'on le consulte. Et son côté didactique, tiens, puisque malgré le fait (ou grâce au fait?) qu'il n'a jamais suivi de formation culinaire, il ne rechigne jamais à revenir aux techniques de base ou à passer en revue des aliments négligés parce que passés de mode. Comment couper une courgette? Comment servir des huîtres? Que faire avec du céleri? Il répond de façon espiègle et bien documentée. Ce n'est pas sans raison qu'autant d'étudiants le suivent.

QUAND IL REÇOIT

Beaucoup d'invités, peu de cuistots, la cuisine est un royaume où Guillaume Long aime régner seul, comme dans son bloc à dessins. Mais parce que le plaisir de recevoir (souvent!), c'est d'abord celui d'être avec les amis et la famille, il privilégie les plats uniques qui n'exigent pas trop d'attention en fin de cuisson. Risotto? Oui. Soufflé au fromage? Non.

CE QU'IL DÉTESTE

Les pignons de pin importés d'Asie qui peuvent laisser un goût amer dans la bouche pendant des jours et les petits pois en boîte. Mais c'est tout. «Quand on demande aux gens s'ils aiment tout, ils ont le réflexe de dire oui, mais on se rend vite compte que ce n'est pas le cas. Moi, si!», dit-il, presque avec fierté. Il faut dire que chez les Long, on cuisinait le cochon de la barbe à la queue en passant par les poumons ou les pieds (aux olives et aux carottes...). «Je prenais de tout pour être sûr que je n'aimais pas ça. Et puis, quand ma mère refaisait le plat, je goûtais de nouveau pour être sûr que je n'aimais toujours pas ça... Finalement, mes goûts se sont développés et j'aime tout maintenant.» Enfin, avec une très nette prédilection pour ce qui est fait maison et les aliments de qualité. Ce qui explique que les petits pois frais, eh bien, il aime ça.

SON INSPIRATION

Sa mère, encore et encore. Il est de ces enfants qui ont eu la chance de préparer, soir après soir, les repas avec un parent au retour de l'école, en apprenant «sur le tas» recettes, techniques et amour de la cuisine. Même dans son premier appartement, étudiant, il a toujours levé le nez sur la solution facile - la cantine - et préféré préparer lui-même ses repas.

UNE RECETTE RATÉE

C'est un drame. «Je déteste ça, ça me met en colère, avoue-t-il. Heureusement, ça n'arrive que très, très rarement.»

CUISINE DE RUE OU RESTAURANT ÉTOILÉ?

Le petit restaurant populaire. «On a plus de chances d'être surpris que dans un grand étoilé.»

CUISINE FRANÇAISE OU EXOTIQUE?

La cuisine italienne est la préférée du Lyonnais, «mais manger est une raison suffisante de voyager», dit-il. Les destinations dans sa ligne de mire: le Viêtnam, le Cambodge et le Laos, «parce que, paraît-il, on y mange très, très bien dans la rue». Son séjour au Québec, à la fin du mois d'avril, ne lui aura pas laissé un souvenir exceptionnel, à part les hamburgers gourmets, «pas mal», et ça tombe bien: il adore.

À Boire et à manger, tomes 1 et 2, publiés aux éditions Gallimard.

long.blog.lemonde.fr

Photo fournie par les éditions Gallimard