L'huile d'olive, culture exclusive aux contrées méditerranéennes? De moins en moins. Isabeau et Awie Du Toit espèrent convertir les gourmets canadiens à la finesse des nectars de leur pays d'origine, l'Afrique du Sud. La Presse les a rencontrés à leur plantation de Franschhoek, joyau du Cap occidental.

De spectaculaires flancs montagneux enrobés de nuages coulants se découpent dans le ciel de la route entre Stellenbosch et Franschhoek. Nous sommes au coeur de l'Afrique du Sud vinicole, où les vignes s'éternisent sur des vallons réchauffés par la lumière dorée de janvier. Awie et Isabeau Du Toit nous accueillent à l'entrée du village de Franschhoek. Le couple nous entraîne vers son oliveraie de 80 hectares, un peu en retrait du coeur de ce village qui répertorie les meilleures tables du pays.

«Le climat, dans cette région, est semblable à celui des pays méditerranéens. Nous ne connaissons pas de froids hivernaux et l'été, le mercure peut grimper jusqu'à 35 ou 37 degrés», raconte Awie Du Toit, un temps radiologue à Moose Jaw, en Saskatchewan, aujourd'hui converti en gentleman- farmer spécialiste de l'olive.

Les Du Toit ont quitté le bleu vibrant du ciel de leur Afrique du Sud bien aimée dans les années 90, pour s'exiler dans les plaines de la Saskatchewan, où ils ont fait carrière et élevé leurs enfants. Mais le mal du pays les a rattrapés. L'heure de la retraite approchant à grands pas, ils étaient en quête d'un projet lucratif qui favoriserait leur retour progressif en Afrique du Sud. Leurs enfants et leur famille élargie vivent au Cap, et il leur paraissait logique de s'installer à proximité.

Les Du Toit, malgré ces deux décennies passées au Canada, ont conservé leur accent afrikaans et, surtout, leur attachement à l'Afrique du Sud, dont ils ne cessent de vanter les splendeurs. «Nous voulions revenir vivre ici. Oui, sans aucun doute», partage Isabeau Du Toit.

Mais pourquoi faire pousser des olives et pas du raisin, dans ce sol réputé pour ses shiraz, cabernet sauvignon et pinots noirs? «Parce que les contraintes canadiennes, en matière d'alcool, sont trop strictes. Et puis, en tant que médecin, je préfère promouvoir la consommation d'un produit "santé" que de vendre de l'alcool», explique Awie Du Toit.

Goûter l'Afrique du Sud

Cela fait trois ans que croissent les vigoureux oliviers de la plantation d'Oliv. Déjà, les Du Toit vendent leurs huiles aromatiques sud-africaines dans 14 boutiques au Canada, dont une rue Saint-Denis, sur le Plateau Mont-Royal.

«Nous voulons rejoindre un marché de foodies qui cherchent de la qualité. Tout comme on peut apprécier un merlot ou un cabernet sauvignon, on peut sélectionner l'huile la plus fine», dit Isabeau. Les gourmets du Cap occidental sont déjà initiés à l'appréciation des huiles fines, comme on peut le constater dans les nombreux marchés fermiers de la région.

Les Du Toit, qui aromatisent et embouteillent leurs huiles à Frankschhoek, font l'apologie de la pureté et des vertus santé de leurs productions artisanales (entre 35 000 et 40 000 L par année). En marchant entre les rangées d'oliviers, ils racontent comment leur voisin, le président du Conseil sud-africain de l'huile d'olive, les a guidés dans l'implantation de leur oliveraie. «Vous voyez cet étang? Nous l'avons créé, en irriguant l'eau», évoque Isabeau Du Toit.

Le couple louange la qualité du sol où poussent les fruits qui sont récoltés chaque année en mars, soit à la fin de l'été austral. L'ambitieux et énergique couple, qui se prépare pour une retraite très occupée, parle aussi avec enthousiasme de la petite usine d'embouteillage qu'il compte camper au centre de la ferme.

Cela fait à peine 15 ans que l'Afrique du Sud produit de l'huile d'olive et, déjà, les oliveraies s'harmonisent parfaitement avec le paysage vinicole du Cap occidental. Et si l'avenir de l'huile d'olive se trouvait ici?

Photo Juan Roll, collaboration spéciale

Awie et Isabeau Du Toit.