Les producteurs de foie gras français espèrent pouvoir obtenir dès 2015 l'agrément pour remettre le pied aux États-Unis, dont ils ont été évincés dans les années 2000 par des surtaxes douanières, sans craindre de réticences des consommateurs américains.

«Nous pensons pouvoir retenter l'eldorado américain», espère Marie-Pierre Pé, déléguée générale du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog).

«Nous investissons dans deux abattoirs (en France) pour qu'ils soient compatibles avec les normes américaines pour pouvoir exporter là-bas», explique Xavier Gaudio, président du Cifog.

Les États-Unis font partie des cinq marchés prioritaires identifiés par les producteurs de foie gras, avec la Chine, le Brésil, Singapour et la Russie. Le Cifog a annoncé jeudi de bonnes ventes de foie gras à l'exportation, avec une progression de 5% en valeur. L'excédent de la balance commerciale a augmenté d'un tiers, grâce à un recul des importations et une hausse des exportations.

Mais «ces résultats pourraient être bien meilleurs avec les États-Unis», assure Vincent Truelle, co-directeur du Cifog.

Contentieux avec l'UE

Car la France n'exporte plus du tout de foie gras aux Américains depuis la fin des années 2000.

En 1999, les États-Unis avaient décidé d'appliquer une surtaxe de 100% aux importations de foie gras français en conserve, une des mesures de rétorsion dans le contentieux avec l'Union européenne sur la viande aux hormones.

La France avait toutefois pu continuer à exporter du foie gras frais, jusqu'au moment où les derniers abattoirs français qui possédaient un agrément pour les États-Unis l'ont perdu.

«Le marché était devenu trop étroit pour qu'ils puissent entretenir l'agrément», qui représente un coût élevé, d'autant que d'autres mesures de restrictions sanitaires avaient été prises au même moment, explique M. Truelle.

Les surtaxes douanières ont finalement été levées en 2012, mais ce long épisode a «cassé la dynamique commerciale. Aujourd'hui, plus personne n'a l'agrément» permettant d'exporter Outre-Atlantique, ajoute-t-il.

D'où le regroupement des différents producteurs autour de deux abattoirs qui seraient spécifiquement destinés à la production pour les États-Unis, pour gagner du temps et de l'argent sur la mise aux normes, sanitaires notamment, et la formation du personnel.

La procédure devrait être «finalisée début 2015», espère M. Truelle. Puis il faudra obtenir l'agrément pour le produit lui-même, ce qui est moins compliqué que pour les abattoirs.

Restera ensuite à reconquérir les consommateurs américains. La Californie, symbole de la lutte anti-foie gras, applique depuis juillet 2012 une loi qui interdit la production et la vente de ce mets.

«Cela ne nous inquiète pas du tout. Ce sont plus des activistes qui nous font interdire que réellement les consommateurs», affirme M. Gaudio, citant l'exemple de Chicago, revenu en arrière après avoir fait interdire le foie gras il y a quelques années.

Preuve du potentiel américain selon lui: en dehors de la Californie, «il y a toujours de la consommation de foie gras aux États-Unis, notamment dans les restaurants». Mais il vient du Canada, et d'une petite production locale.