Ils sont au Québec depuis à peine deux ans et apprivoisent un peu plus chaque jour la gastronomie d'ici. Quels aliments ont-ils découverts en immigrant dans la Belle Province? De quelle nourriture s'ennuient-ils le plus? Seira, Hadi et Gloria, nouvellement installés au Québec, nous présentent leur point de vue sur la cuisine d'ici.

Gloria Rosado: s'accoutumer aux mets moins épicés

Biographie

• Gloria Rosado vient du Mexique.

• Elle a déménagé au Québec en 2009 avec son mari, mais est retournée pendant trois ans au Mexique pour occuper un emploi comme directrice de tourisme.

• Pendant ce temps, elle a fait des allers-retours entre le Mexique et le Canada, car son mari était demeuré ici.

• Elle a quitté son travail au Mexique et vit à Montréal depuis un an et demi. Elle espère être admise à la maîtrise en gestion des arts à HEC Montréal, l'automne prochain.

Depuis votre arrivée au Québec, quels aliments avez-vous découverts?

J'ai découvert de nouveaux aliments comme le brocoli. Au Mexique, on achète et on mange seulement les brocolis verts. Ici, il y a beaucoup, beaucoup de couleurs. Il y en a des blancs, des oranges. La première fois que j'en ai vu, je n'ai même pas osé en acheter. Finalement, j'ai goûté au restaurant et c'était bon. J'en achète maintenant pour les cuisiner à la maison.

Et les pommes de terre! Au Mexique, on n'a que des pommes de terre blanches. Ici, il y a des patates rouges, des patates douces. C'est différent.

Par ailleurs, je me rappelle que la première fois que j'ai visité un Super C, un Provigo et un Loblaws, j'ai été surprise par la décoration. C'était agréable pour la vue! Les fruits et les légumes sont mieux présentés qu'au Mexique et il y a même de l'eau qui est vaporisée pour les garder frais. Aussi, les légumes comme les carottes ou les betteraves sont vendus avec les feuilles. Au Mexique, on a seulement les carottes, mais pas leurs feuilles.

Quels aliments vous manquent le plus depuis votre arrivée au Canada?

Les tortillas! On peut en acheter ici, mais ce n'est pas les tortillas du Mexique qui sont toujours fraîches. Ici, elles sont souvent grasses, dures et moins fraîches.

Les chicarróns, c'est de la viande de porc qui est apprêtée d'une manière très spéciale. Si vous allez dans une épicerie, dans la section des aliments mexicains, vous pouvez acheter les chicarróns dans de petits sacs, mais ce n'est pas comme les chicarrónsséchés au soleil et vendus dans les boucheries du Mexique.

Le chili habanero, c'est un piment très fort qui se cultive dans trois États du sud du Mexique.

Il y a aussi les charritos (bâtonnets croustillants de maïs). Ici, il y en a, mais ils ne sont pas épicés. Au Mexique, ils sont très épicés.

Avant d'arriver au Québec, aviez-vous lu ou entendu parler de la cuisine d'ici?

J'avais entendu l'histoire du pâté chinois. Je pensais que le pâté chinois, c'était un mets chinois. Mais non, c'est une histoire qui remonte à la construction du chemin de fer à Québec ou à Montréal. Beaucoup de Chinois travaillaient sur le chantier et on leur servait un mets composé de boeuf, de maïs et de pommes de terre.

Que pensez-vous de la cuisine québécoise?

Avant, je la trouvais un peu simple, car j'étais habituée à mettre de la salsa sur toute la nourriture. Les Mexicains font des salsas avec des tomates, des oignons, du jus de citron et des piments forts. Sur toute la nourriture, on ajoute de la salsa.

Mais j'apprends à apprécier la cuisine québécoise. Je participe à une cuisine communautaire pour découvrir des recettes d'ici. Finalement, je ne la trouve plus simple du tout. Je découvre des assaisonnements différents que j'aime bien même si ce n'est pas nécessairement épicé.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Gloria Rosado

Seira Ogawa: soya, miso, saké... et betteraves!

Biographie

• Seira Ogawa vient du Japon.

• Elle habite au Québec depuis deux ans et demi.

• Un mois après son arrivée au pays, elle a rencontré celui qui est maintenant son mari, un Québécois pure laine.

• Elle est pâtissière en congé de maternité préventif. Elle est enceinte de son premier enfant.

Depuis votre arrivée au Québec, quels aliments avez-vous découverts?

Il y a beaucoup de choses que je ne connaissais pas, entre autres, les betteraves. Au Japon, il y a une sorte de pomme de terre qui ressemble aux betteraves. J'en ai acheté une fois, mais j'ai été très surprise en les épluchant. C'était comme du sang! Les betteraves sont beaucoup plus rouges que les patates que je connaissais. À un certain moment, je me suis même demandé si c'était comestible. Je les ai fait bouillir et j'ai goûté. Pour être honnête, je ne suis pas trop sûre d'avoir aimé ça.

Quels aliments vous manquent le plus depuis votre arrivée au Canada?

Il y a beaucoup de choses! Je vais souvent au IGA, mais je trouve qu'il n'y a pas beaucoup de sortes de poisson. Normalement, au Japon, on peut acheter du poisson cru pour les sushis. Ici, c'est plus difficile d'en trouver, à moins d'aller dans une poissonnerie.

Les oeufs de saumon, je peux en trouver ici, mais ça coûte assez cher. J'en achète peu et ça me manque.

Il y a aussi les nattō. Ce sont des fèves fermentées. La texture est un peu bizarre, presque gluante. J'en mangeais presque tous les jours au Japon, mais ici, c'est très difficile à trouver. Quand je vais dans des épiceries chinoises, je peux trouver des nattō, mais ça coûte cinq fois plus cher qu'au Japon.

Puis, les tablettes de curry. C'est très pratique pour faire des soupes. On fait bouillir des légumes, de l'eau et on ajoute un morceau de la tablette qui est semblable à du chocolat. De cette manière, on peut manger du curry facilement.

Avant d'arriver au Québec, aviez-vous lu ou entendu parler de la cuisine d'ici?

Je ne savais rien! En fait, je me sens mal, car j'avais une image erronée de la cuisine québécoise. Je pensais que le Canada était comme les États-Unis. Je pensais que les Canadiens mangeaient de la pizza et des hamburgers souvent. En fait, c'est complètement différent.

Mon mari est québécois. Souvent, je mange avec ma belle-famille. Quand ma belle-mère prépare le repas, il y a une salade, une soupe, un plat principal, du pain et du fromage. C'est comme si je mangeais dans un grand restaurant chaque fois que je vais dans ma belle-famille.

Que pensez-vous de la cuisine québécoise?

Pour moi, la cuisine québécoise devient une référence. Elle est très intéressante! Avant, quand je cuisinais, j'utilisais seulement de la sauce soya, du miso et du saké. Je ne connaissais pas vraiment d'autres manières de cuisiner, mais ma belle-mère me montre plein de nouvelles techniques.

Si je compare à ce à quoi je suis habituée, la cuisine québécoise est un peu plus grasse. Mais le goût demeure excellent!

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Seira Ogawa

Un Iranien qui a la dent sucrée

Biographie



• Hadi Molaei Mojarad vient de l'Iran.

• Il habite au Québec depuis deux ans. Il a immigré avec sa femme et sa fille qui a maintenant 6 ans.

• Il est inspecteur d'avion chez Bombardier.

Depuis votre arrivée au Québec, quels aliments avez-vous découverts?

Je connaissais les pommes, mais lorsque j'ai goûté pour la première fois à celles du Québec, j'ai été agréablement surpris. Les pommes québécoises sont délicieuses, elles sont juteuses et sucrées. D'où je viens, les pommes ne sont pas aussi juteuses.

Aussi, lorsque j'ai visité une épicerie d'ici pour la première fois, j'ai remarqué que la viande n'avait pas la même couleur que chez moi. En Iran, la viande est halal et elle est donc plus pâle. Ici, la viande est plus foncée, car elle contient plus de sang.

Puis, il y a quelques fruits que je ne connaissais pas, mais qui ne viennent pas nécessairement du Canada, comme les papayes.

Quels aliments vous manquent le plus depuis votre arrivée au Canada?

Du pain et du riz iranien. Le riz en Iran est très parfumé.

Chez moi aussi, il y a des khamei (semblables à des choux à la crème) et des napeleoni (gâteaux d'origine russe similaires à la texture des mille-feuilles). Ici, les gâteaux sont très bons, mais ils sont moins sucrés. Je m'ennuie un peu de ces gâteaux sucrés.

Avant d'arriver au Québec, aviez-vous lu ou entendu parler de la cuisine d'ici?

J'avais entendu dire que les francophones aimaient le fromage. Quand j'ai immigré au Québec, je pensais que tous les aliments seraient préparés avec du fromage. Finalement, je ne me trompais pas tant que ça!

Que pensez-vous de la cuisine québécoise?

En Iran, il y a plus de femmes qui restent à la maison. Ici, je pense qu'il y a beaucoup de femmes qui sont sur le marché du travail. Les femmes et les hommes travaillent donc je pense qu'ils ont moins de temps pour cuisiner. Je ne sais pas si ça a toujours été comme ça, mais j'ai l'impression que le fast food est plus consommé qu'en Iran.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Hadi Molaei Mojarad