Voilà que les hommes sont de plus en plus nombreux à faire l'épicerie, une tâche longtemps accomplie presque exclusivement par les femmes. Si les supermarchés ne modifient pas encore leur manière de faire, ils se réjouissent de l'arrivée de cette nouvelle clientèle, beaucoup plus impulsive que les femmes.

Aux États-Unis, 52 % des pères de famille ont affirmé être responsables de l'épicerie, selon une étude réalisée l'année dernière par l'agence de marketing Cone. Ici au Québec, les hommes ont longtemps représenté 15 % de la clientèle des supermarchés. Mais les choses changent!

Dans la dernière enquête Panorama 2013 menée par CROP, ce sont 34 % des hommes qui ont répondu être responsables des achats alimentaires de leur foyer.

François Desrosiers, président fondateur d'Interim marketing et expert du milieu de l'alimentation, est convaincu que les hommes fréquentent de plus en plus les supermarchés. Il s'étonne cependant qu'une proportion aussi forte de pères de famille soit responsable de l'épicerie chez nos voisins du Sud. « On a certainement affaire à un homme contemporain et à un partage des tâches différent de celui qu'on pouvait voir il y a 10 ou 15 ans. Cependant, en se promenant dans les épiceries ici, on voit que ce n'est pas encore 50 % hommes - 50 % femmes », explique-t-il.

Tant que les femmes formeront une plus grande partie de la clientèle, le paysage des supermarchés va demeurer inchangé, croit-il. « Bien entendu, les épiceries ne veulent pas se mettre à dos leur clientèle principale. Mais au fur et à mesure que la part des hommes va grandir, les supermarchés vont mettre de l'avant des stratégies pour promouvoir des achats impulsifs. »

À quelques endroits dans les allées, les épiceries en encouragent déjà un certain nombre. Par exemple, du chocolat à fondue placé près des fraises fraîches. Des boîtes de croutons à salade disposées à côté des laitues. Les pots de salsa juste au-dessus des croustilles. De telles combinaisons sont susceptibles de se multiplier, car les épiceries savent que les hommes sont davantage susceptibles de déposer une boîte de croutons à salade dans leur panier, sans se demander s'il en reste dans leurs armoires de cuisine.

Derrière tout grand homme... 

Même si IGA-Sobeys n'a pas d'étude récente sur le sujet, la chaîne de supermarchés constate aussi que les hommes s'impliquent de plus en plus dans la cuisine et les achats alimentaires. Cependant, les femmes demeurent souvent responsables de la planification des repas, souligne Nancy Champagne, directrice marketing chez Sobeys.

« La femme décide encore des repas. C'est elle qui gère les achats. C'est souvent elle qui est responsable même si elle délègue à son chum. Elle lui dit d'acheter tels et tels ingrédients. Le côté planif, ça reste elle ! », dit Mme Champagne.

Oui, il existe aussi des hommes passionnés par la cuisine, qui essaient de nouvelles recettes, qui aiment faire l'épicerie, qui prêtent attention aux prix et qui regardent les valeurs nutritives des aliments, dit-elle. Mais souvent, lorsque les hommes vont se présenter à l'épicerie, c'est madame qui va avoir rédigé la liste d'achats. Et même avec une liste, leur impulsion va faire en sorte qu'ils vont acheter des aliments dont ils n'ont pas nécessairement besoin.

« Parfois, les hommes vont vouloir faire preuve d'initiative et ils vont acheter du poisson, du poulet, du veau, mais ils n'auront pas pensé aux accompagnements. Pendant leur épicerie, ils vont acheter la dernière sorte de chips et les biscuits placés sur un présentoir. Même avec une liste, ils vont acheter huit produits de plus. »

« Mais ce genre de clients, on aime ça parce que ce sont des clients payants », conclut-elle.