Indonésie, Thaïlande, Moyen-Orient.... le foie gras continue de conquérir de nouveaux consommateurs, selon les professionnels, malgré les débats sur le bien-être animal.

Jeudi, le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog) a lancé devant la presse la saison du foie gras, surtout consommé en fin d'année.

Pour 2013, les professionnels se disent «plutôt optimistes», avec un marché français toujours assez morose, mais de bonnes nouvelles à l'export. Car sur les sept premiers mois de l'année, les ventes de foie gras français à l'étranger ont progressé de 6%, à 39 millions d'euros.

Les ventes progressent dans des pays où le foie gras est déjà bien implanté comme le Japon (+35%), 3e pays consommateur, après la France et l'Espagne. Le marché se reprend après la crise liée au tsunami de mars 2011.

Mais surtout, la filière se réjouit de nouveaux arrivants comme l'Indonésie où les ventes sont passées de 6000 euros de janvier à juillet 2012 à...293 000 euros un an plus tard, soit une progression de près de 5000% !

Même chose en Lettonie (+335% à 226.000 euros) ou en Australie (+33% à 240.000 euros).

Dans d'autres pays comme la Thaïlande ou les Émirats arabes unis, les ventes, déjà conséquentes, s'envolent: +75% à 1,353 milliard pour le 1er et +63% à 444 000 euros pour le second.

Amazon UK, un «non-événement»

«Partout où une classe moyenne accède à une certaine aisance, on cherche à consommer des produits de signe extérieur de cette aisance», analyse Xavier Gaudio, président du Cifog.

Et puis, «le foie gras s'allie bien avec les traditions culinaires de certains pays, comme en Asie», ajoute Jean-Jacques Caspari, directeur général de Rougié, une des marques d'Euralis, premier producteur mondial de foie gras.

Au total, ce mets emblématique de la gastronomie est présent dans quelque 110 pays. En France et dans les pays limitrophes, il est essentiellement vendu en grande surface et dans le reste du monde, servi au restaurant. Quant aux ventes sur internet, elles restent confidentielles, assurent les professionnels.

Une pique envoyée à Amazon, qui vient d'interdire la vente de foie gras sur son site au Royaume-Uni. «C'est un non-événement économique», car les ventes de foie gras sur Amazon UK étaient de moins de 2000 livres (2360 euros).

La production de foie gras est régulièrement décriée pour les conditions d'élevage et de gavage des animaux.

Et le débat revient régulièrement dans les arènes politiques, comme en Israël cet été avec l'approbation en lecture préliminaire d'une proposition de «loi d'interdiction de l'importation et de la vente de foies d'animaux qui ont subi la torture». Ce projet devait toutefois encore être approuvé en première, deuxième et troisième lectures.

En 2003, la Cour suprême israélienne avait estimé le gavage contraire aux lois de protection des animaux, rendant la pratique illégale sur le territoire israélien, qui était alors 4e producteur mondial.

Sans parler de la Californie, symbole de la campagne anti-foie gras. Une loi, votée en 2004, mais effective depuis juillet 2012, y prohibe la production et la vente de foie gras sous peine d'une amende de 1000 dollars pour quiconque en servirait.

Dans ce contexte, la hausse des ventes à l'étranger depuis le début de l'année est une bonne nouvelle pour les professionnels. L'an dernier, elles s'étaient repliées de deux millions d'euros.

Mais pour continuer sa conquête, le foie gras a besoin d'avoir accès plus facilement à certains marchés comme en Chine, Russie ou Brésil et plaide, avec l'appui du gouvernement, pour un assouplissement des barrières douanières ou sanitaires.