Pour célébrer la fête nationale du Québec, Loblaws vend un gâteau bleu et blanc, décoré de fleurs de lys. Ce dessert de la Saint-Jean-Baptiste est fait en... Ontario.

«Nous exploitons un réseau national de plus de 1000 magasins et avons fait le choix de travailler avec un leader dans le domaine des gâteaux, La Rocca», a indiqué Hugues Mousseau, directeur principal des affaires corporatives et communications de Loblaws au Québec.

Ilisa Chacon, directrice du marketing de la pâtisserie La Rocca, de Richmond Hill, près de Toronto, a ri quand La Presse lui a signifié sa surprise de trouver un gâteau de la Saint-Jean-Baptiste produit hors Québec. «Notre gâteau vient de l'autre côté de la frontière, mais il est très bon», a-t-elle assuré.

Alors que les chaînes de supermarchés font des professions de foi en faveur de l'achat local, ce gâteau est-il l'exception qui confirme la règle? La Presse a visité cette semaine des supermarchés Loblaws, Metro et IGA pour le vérifier.

Cinq gros bacs en bois présentent des fruits et légumes en promotion au Loblaws Angus de Montréal. Leur contenu? Des concombres libanais d'Ontario, des laitues romaines des États-Unis, des poivrons du Mexique, des concombres anglais d'origine incertaine (des États-Unis selon une affiche, du Canada selon leur autocollant) et des tomates de serre du Québec.

Pourquoi si peu de produits d'ici? «Nous sommes encore un peu tôt dans la saison des récoltes», a fait valoir M. Mousseau. Or, des poivrons et des concombres sont produits en serre toute l'année au Québec, selon André Plante, président du Conseil québécois de l'horticulture. «Et toutes les variétés de laitues sont actuellement disponibles en abondance», a-t-il assuré.

En étant attentif aux étiquettes, on trouve actuellement des fraises, des asperges, des betteraves, des concombres, des courgettes, des échalotes, des laitues, des panais, des poivrons, des radis et des tomates du Québec en épicerie. Ils côtoient parfois les mêmes produits, importés.

Peu de poivrons du Québec

IGA se procure des poivrons chez les Serres Lefort, de Sainte-Clotilde-de-Châteauguay, «mais ils ne sont pas capables d'approvisionner tous mes magasins, a expliqué Anne-Hélène Lavoie, conseillère principale aux communications de Sobeys Québec. C'est sûr qu'on choisit les aliments du Québec dès qu'on le peut. Mais ça prend parfois des plans B.»

«Rendus à la Saint-Jean-Baptiste, on n'a pas de problème d'accès aux tablettes, a indiqué M. Plante. Mais c'est plus difficile au début et à la fin de la saison: les grandes chaînes sont frileuses, elles ont peur des ruptures de stock. Avec le réchauffement climatique, les légumes sont prêts de plus en plus tôt, et on peut livrer la marchandise jusqu'à la première semaine d'octobre.»

Du fromage P'tit Ontario

Le fromage P'tit Québec est en solde cette semaine chez IGA et Loblaws, juste à temps pour la Saint-Jean-Baptiste. Le hic? «Ce fromage est fait par Kraft Canada en Ontario», indique Laurie Fossat, relationniste chez TACT intelligence-conseil, pour le compte de l'Association des détaillants en alimentation du Québec.

Fruits et légumes du Québec offerts actuellement en épicerie

> Asperges

> Betteraves

> Concombres (libanais, anglais)

> Courgettes

> Échalotes

> Fraises

> Laitues (boston, romaine, iceberg, frisée verte et rouge)

> Oignons verts

> Panais

> Poivrons

> Radis

> Tomates

> Brocolis (bientôt)

> Chou-fleur (bientôt)

Plus d'exportations, moins d'importations

La valeur des exportations agroalimentaires du Québec a atteint 6,1 milliards en 2012, un sommet. Cela représente une hausse de 9,1% par rapport à l'année précédente. Ce sont les exportations de confiseries à base de sucre qui ont connu la plus forte croissance (+39% en un an), comme celles des oléagineux non transformés (+54%), qui sont en fait des fèves de soya, dont une partie est produite ailleurs au Canada. Parallèlement, les importations agroalimentaires ont baissé de 7% en 2012, pour atteindre 5,4 milliards. Si bien que le Québec enregistre une balance commerciale positive de 773 millions en agroalimentaire, du jamais vu depuis au moins 10 ans.