Après avoir passé quatre jours à s'abreuver de coutumes locales, d'ingrédients régionaux, à manger des pierogi de toutes sortes, de la soupe aux tripes de chevreuil ou au levain de seigle et autres quenelles de pomme de terre, les chefs devaient préparer un banquet en utilisant des ingrédients à portée de main. Voici ce que cela a donné.

Daniel Patterson de Coi, à San Francisco, a préparé un plat à base de gelée de bouillon de poisson brûlé, avec du seigle et des oeufs de poisson, et marqué par de la pâte de fourmis apportée du Danemark par René Redzepi.

Le Danois René Redzepi, de Noma, à Copenhague, a proposé une soupe aux fleurs et aux concombres rôtis (version fraîche des petits concombres que les Polonais utilisent dans leurs marinades) avec baies sauvages (sureau, framboises, mûres) et graines de tournesol dans un bouillon de champignons fermenté.

Mauro Colagreco, chef d'origine argentine au Mirazur, à Menton, sur la Côte d'Azur, a cuisiné un tartare de faon aux fleurs.

Albert Adria, chef espagnol du Tickets et de 41° Experience, à Barcelone, a fait une version polonaise du gaspacho, avec vodka et concombre.

La Slovène Ana Ros, chef du Hisa Franko, a préparé un plat baptisé Rideau de fer, un jeu de contrastes entre la couleur brillante d'une betterave cramoisie et de quelques framboises et le vocabulaire gustatif traditionnel polonais, plus sobre: de la gelée de vodka de pomme de terre, des grains de pommes plutôt que de riches noisettes, du corégone fumé...

Claude Bosi, de l'Hibiscus, à Londres, a choisi un chemin très polonais: le pierogi traditionnel dans un consommé de pomme fumé, avec de l'écrevisse.

Le Belge Kobe Desramaults a préparé un plat de racines, comme il y en a beaucoup dans la cuisine traditionnelle polonaise. Des racines de persil, glacées au beurre et servies avec un fromage de lait caillé, incarnation de l'art des paysans de recycler pour toujours créer de nouveaux aliments avec des ingrédients qu'on dirait perdus.

Modest Amaro a proposé une création de champignons dérivée notamment du traditionnel sekacz.

Alexandre Gauthier, de La Grenouillère, près de Calais, dans le nord-est de la France, a revisité une autre racine, le céleri-rave, fumé au four sur des cordelettes, accompagné de kacha (seigle) en purée et de pétales de trèfle.

Le chef du Châteaubriand, à Paris, Iñaki Aizpitarte, de son côté, a fait cuire des canards entiers - après les avoir plumés lui-même - sur de la ficelle, sur le bord de la cheminée.

Ben Shewry, d'origine néo-zélandaise et chef de l'Attica, à Melbourne, a préparé un hangi traditionnel maori - une méthode de cuisson à l'étouffée, sur braises, dans le sol - avec des ingrédients typiquement polonais: cochon de lait, potiron, chou...

Et pour clore le repas, Magnus Nilsson, du Faviken, dans le nord de la Suède, a concocté un dessert de jaunes d'oeufs cuits entiers dans le sucre, sur crumble, avec une glace à la reine-des-prés, qui pousse un peu partout.