Les professionnels français du foie gras, qui viennent de subir l'affront d'une interdiction en Californie, au nom du bien-être animal, souffrent sur la plupart des marchés anglo-saxons pour les mêmes raisons, mais se consolent avec des succès en Asie.

«Nos entreprises à l'international vont plus vers les pays émergents porteurs de consommation», indique Philippe Baron, président des producteurs de foie gras français, dont les meilleures ventes se font jusqu'ici en Espagne, en Belgique et au Japon.

Les exportations vers Hong Kong sont ainsi en pleine expansion avec 3,34 millions EUR, en hausse de 26% l'an dernier. Sur trois ans, elles ont presque doublé en tonnage pour les foies transformés et ont progressé de 25% pour les foies crus.

Vers Singapour, la progression est de 82% en 2011 (1,89 million EUR) et ce marché a une forte prédilection pour les foies crus (66 tonnes, +40% en 4 ans).

Les exportations vers la Thaïlande ont aussi vivement progressé en 2011 (1,48 M EUR, +33%).

La Russie et la Chine sont «des marchés potentiellement porteurs», à condition d'obtenir les autorisations administratives, estime un exportateur français.

L'Espagne, premier marché hors France (2.600 tonnes consommées), s'appuie sur des producteurs locaux depuis les années 1970. C'est aussi la première cliente de la France, mais les exportations françaises y souffrent de la crise (29,4 millions EUR en 2011, -7%). La Belgique arrive deuxième (16,8 millions, +5%) et le Japon troisième (11,9 millions, -5%).

Visés par les activistes

Le Royaume-Uni reste un client significatif (3,46 M EUR en 2011, -2%), mais le tonnage des foies transformés importés de France y a été divisé par plus de trois en quatre ans. «On a du mal à faire des promotions, car les restaurateurs sont tout de suite visés par les activistes», souligne le directeur commercial exportation du premier exportateur français Euralis (marques Monfort et Rougié), Guy de Saint-Laurent.

L'impact de l'interdiction californienne est quasi nul, car les exportations de la France vers les États-Unis sont tombées en quatre ans de 13 à cinq tonnes, du fait des contraintes vétérinaires et sanitaires américaines, selon le Comité interprofessionnel du foie gras (CIFOG).

Pour Euralis, basé dans les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées, qui possède une importante ferme au Canada, l'interdiction californienne n'est toutefois pas anecdotique, car il occupe environ 25% du marché américain (370 tonnes au total) grâce à sa production canadienne, des tonnes de foies gras qui n'apparaissent pas dans les exportations françaises.

Globalement, les exportations ont représenté 101,6 millions d'euros en 2011, en baisse de 1% sur 2010. Une part très modérée du chiffre d'affaires de la filière évalué entre 1,8 et 1,9 milliard d'euros.

Selon les chiffres du Cifog, la France consomme en effet à elle seule les trois quarts d'une production mondiale de 25.500 tonnes, élément de choix de son patrimoine gastronomique.

Premier producteur mondial, la France (près de 20.000 tonnes) est aussi le premier exportateur (environ 2.200 tonnes de foies crus et 2.500 tonnes de produits transformés) avec pour principaux rivaux la Hongrie et la Bulgarie.

La balance commerciale est nettement excédentaire, notamment grâce à quelques groupes comme Euralis, Delpeyrat (Comtesse du Barry) et Labeyrie.

Euralis, qui exporte sous le nom de Rougié, revendique «la moitié des exportations en valeur, essentiellement dans la restauration et les épiceries fines», selon M. de Saint-Laurent.