La City, mercredi midi. Le soleil est sorti et les banquiers arpentent au pas de course la cour intérieure de Finsbury Avenue Square à la recherche d'un repas vite commandé, vite avalé.

Au milieu des tours de bureaux, la roulotte argentée de Street Kitchen fait des affaires d'or. Une dizaine d'hommes en chemise et cravate font le pied de grue devant l'Airstream rétro. Au menu, porc braisé du Devon avec coulis aux pommes ou saumon écossais avec betteraves rôties.

«J'en ai assez, des chaînes. Il y a tellement peu d'endroits pour manger santé», explique l'avocat Alex Tuck, nouveau client.

«Ce sont des produits de bonne qualité», dit de son côté le financier John McCarthy, 53 ans.

À 13h30, Chris Brumby et ses cuisiniers ont tout écoulé. «Nous avons servi 200 clients», dit le gérant qui veille sur l'approvisionnement d'aliments britanniques et saisonniers, spécialité de Street Kitchen.

La traditionnelle cuisine de rue britannique qui se résumait à des saucisses cuites sur des plaques rouillées disparaît des rues de Londres. Pas moins de 400 camions de fine cuisine font le bonheur des gourmets londoniens.

Frappés par la crise financière de 2008, des cordons-bleus se sont mis à cuisiner derrière le volant. «Il faut amasser au moins 300 000$ avant d'ouvrir un restaurant dans la capitale», explique Richard Johnson, auteur et expert de la cuisine de rue.

Depuis, l'essor des restaurants ambulants est spectaculaire. La première cuvée des British Street Food Awards, en 2009, avait accueilli seulement une poignée de participants. Deux ans plus tard, le président du concours, Richard Johnson, a reçu 6000 candidatures, bien qu'il admette que la majorité n'était pas de haut calibre.

Le gagnant de la finale de 2011, Cafe Môr, servira 70 000 plats de fruits de mer gallois dans le parc olympique cet été.

Jamie Oliver embarque

Plusieurs chefs itinérants ont réussi à percer la haute gastronomie. Mais l'inverse est aussi vrai.

Les fondateurs de Street Kitchen, Mark Jankel et Jun Tanaka, sont issus de restaurants étoilés par le guide Michelin. Leur parc de caravanes chromées passera de deux à dix si les caisses continuent à sonner.

Même Jamie Oliver a acheté un camion pour sa chaîne Jamie's Italian.

Mais pour les jeunes chefs qui ont garé leurs cantines colorées dans Whitecross Street, dans l'est de Londres, la cuisine de rue est avant tout un mode de vie.

«On voulait être nos propres patrons», explique Claude Compton de Green Goat Food, ouvert depuis seulement un mois.

Charlotte Bailey, de Wholefood Heaven, fait la tournée des festivals de musique depuis deux ans et demi. «J'adore la liberté que cela me procure», dit-elle en servant des caris bios.