Gestionnaire un jour, gestionnaire toujours? Ça semble être le cas pour Serge Boivin. Il a troqué un emploi de directeur d'entreprise il y a une dizaine d'années pour celui de restaurateur à Frelighsburg. L'expérience l'a ramené à la tête d'une florissante PME, les Sucreries de l'érable, qui fait aujourd'hui la joie des gourmets à la dent sucrée.

Ceux qui ont déjà goûté aux douceurs servies aux deux commerces de la Rumeur affamée, à Frelighsburg et à Dunham, sauront tout de suite de quoi il en retourne. Elles proviennent des Sucreries de l'érable, grâce à un partenariat établi entre Serge Boivin et les propriétaires de la Rumeur affamée.

La PME de Serge Boivin présente d'ailleurs un modèle d'affaires atypique. Elle a ses propres points de vente, concentrés dans les marchés de la région montréalaise, sous la bannière La Fournée des Sucreries de l'érable. Mais l'entreprise prospère également grâce à différents types de partenariats qui permettent aux quelque 75 produits de l'entreprise (tartes, biscuits, carrés, quiches et pâtés) de se retrouver par exemple dans les succursales de la Fromagerie des Nations, présentes à Laval, Montréal et à Brossard.

Ses deux produits phares, la tarte au sirop d'érable (il en concocte 80 000 par année!) et la tarte aux pacanes et sirop, sont également vendus dans quelques supermarchés, dont au Marché Métro Breton de Bromont et au IGA Extra Daigneault de Cowansville.

«Tout s'est fait au fur et à mesure», explique Serge Boivin.

Essai et erreur

Il faut dire qu'il y a eu quelques «essais-erreurs» dans le parcours de M. Boivin. Tout a commencé il y a 13 ans à Frelighsburg lorsqu'il a acheté le magasin général de l'endroit avec l'intention de devenir restaurateur. Ce faisant, il changeait complètement de secteur d'activité, car il occupait un poste de directeur général d'une entreprise active dans la fabrication de véhicules spécialisés à Boucherville.

Avec l'achat du commerce, la PME des Sucreries de l'érable est née. Les premiers mois d'opération ont été concluants. «On a commencé à vendre des tartes et celle au sirop d'érable était tellement populaire que des gens d'un peu partout venaient en acheter», se souvient l'entrepreneur.

Mais une fois la saison estivale terminée, le village était un peu trop tranquille à son goût. Cela l'a obligé à prendre une décision pour assurer un roulement à l'année. Il s'est alors installé à Sutton, tout en conservant le commerce de Frelighsburg. «Le succès a été instantané», dit-il. Son association avec la Rumeur affamée est survenue un an plus tard.

«Comme j'ai vu que je pouvais répéter le modèle, j'ai par la suite ouvert à différents endroits. Certains ont marché, d'autres non. J'ai par exemple été trois ans au Vermont. Mais c'est devenu très compliqué aux États-Unis après le 11 septembre 2001. J'ai fermé», explique-t-il.

En cours de route, Serge Boivin a installé sa «cuisine centrale», à Dunham, dans des locaux attenants à la Rumeur affamée. C'est de là que sont cuisinés tous les mets qui se retrouvent dans la quinzaine de points de vente de l'entreprise.

Croissance

Aujourd'hui, les Sucreries de l'érable emploie environ 20 personnes. L'entreprise a fait sa place dans le créneau artisanal haut de gamme. Ses tartes se détaillent entre 10 $ et 13 $. Pas question pour Serge Boivin de faire des compromis sur la qualité de ses produits et d'industrialiser ses opérations. «La niche des Sucreries de l'érable, c'est de la cuisine traditionnelle et artisanale. Ce que j'aime entendre, c'est quand les clients disent: c'est comme ce que grand-maman ou maman fait. C'est pour ça qu'on doit faire attention à ne pas tomber dans l'industriel», analyse Serge Boivin.

Selon lui, la PME est appelée à croître à nouveau cette année. «Actuellement, ça roule bien. L'entreprise est prête pour autre chose. Il faudra qu'il se passe quelque chose en 2011 si on veut progresser», dit l'unique actionnaire.

À ses débuts, le chiffre d'affaires de l'entreprise s'est élevé à 60 000 $. Aujourd'hui, il dépasse le million de dollars, indique M. Boivin.

«On est vraiment fiers de travailler avec la cuisine de nos grand-mères. Il y a eu une époque où on avait tendance, au Québec, à valoriser davantage la cuisine française», dit celui qui utilise plusieurs recettes de sa propre mère.

Et la recette de la fameuse tarte au sirop? C'est un secret bien gardé. «C'est une recette ancestrale, élude en riant Serge Boivin. Il n'y a que deux personnes qui la connaissent: moi et la directrice de production.»